My own private life 2
Mise au point:
Je n'ai jamais utilisé Internet pour blesser quiconque ou régler des comptes par ce biais. J'ai manqué de clarté sur une période récente assez trouble, notamment en n'identifiant pas nommément le principal protagoniste de cette histoire qui n'est apparu sous son initial de S. que tout récemment. Ce garçon, qui ne vient pas sur mon blog, était déjà apparu sous les traits d'un amant dans l'article du 4 février et d'une silhouette troublante et émouvante dans le trip émotionnel que nous avons partagé dans l'article du 9 février. Ce manque de précision a généré une réaction émotionnelle d'un autre S. qui s'est senti visé à tort par les articles récents. Qu'il m'en excuse.
Je
pourrais presque tenir un journal en ce moment. Ma configuration de vie
actuelle m'offre de nouveaux angles de vue, de réflexion alimentant à l'infini
- si j'en avais le temps - l'écriture. Certes, ce que j'exprime n'est pas
toujours drôle mais cela ne veut pas dire que je sois tel que j'en donne
(peut-être) l'impression. A moins que je sois moins bien que je ne le pense. La
réponse est probablement entre les deux.
Laisser
les événements, l'atmosphère ressentie prendre possession de moi, tel semble
mon but. Je ne dois bien sûr pas attendre qu'un miracle tombe du ciel, je dois
aller au devant des gens et des situations. Je m'oriente selon les désirs en
cherchant à susciter l'intérêt (ou non) des autres. Sans pression réelle, je
teste les réflexes qui me guident plus volontiers vers l'un ou l'autre ainsi
que les réponses en retour, comme pour dresser un état de mes amitiés. Cette
démarche aura au moins permis d'éclairer définitivement la relation naissante
avec S. et l'échec patent enfin déclaré.
Manifestement
cela ne colle pas entre nous ou plutôt c'est l'incompréhension qui prédomine à
chaque fois. Tous les messages ou toutes les initiatives semblent constamment
mal interprétés par l'un ou l'autre. La fluidité de la relation s'est
transformée en lourdeur éléphantesque laissant percer les premiers signes
d'agacement. Je ne suis généralement guère persévérant dans les contacts
inter-personnels quand une contrariété surgit. Quand tout va bien aussi
d’ailleurs. Je manque souvent de suite dans les idées, je marque des pauses,
crée de la discontinuité par protection, par peur, par doute aussi parfois.
Dans le cas présent, j'étais tellement convaincu d'une possibilité d'amitié que
j'ai produit des efforts conséquents, même dans l'adversité croissante de nos
échanges.
Le
constat d'échec auquel je me résigne aujourd'hui déborde le cadre même de la
relation avec S. Il remet en question ma conception toute personnelle de
l'amitié.
J'ai besoin de désirer pour me motiver à aller vers l'autre de façon régulière.
Je concevrais même volontiers l'amitié (masculine) comme une excroissance, une
version modifiée, de l'amour en quelque sorte. Je crois également au poids du
souvenir dans la constitution de l'amitié. Ce sont les moments forts vécus
ensemble qui portent haut ensuite le sentiment éprouvé pour l'autre, qui créent
ce lien durable. L'intensité des échanges partagés ensemble constitue à mon
sens le meilleur vecteur pour pérenniser une relation authentique. Cette vision
très peu normative de ce qui constitue une amitié traditionnelle serait-elle
erronée? Aurais-je donc tout faux?
Cette perception manque peut-être de caractère adulte mais j'ai besoin
d'être ému pour apprécier quelqu'un et je veux croire que l'un des éléments
fondateurs de l'amitié réside dans la place spécifique réservée à l'autre dans
la prioritisation de ses choix (dans une forme d'exclusivité, non pas bien sûr
dans la globalité de la vie de l'autre mais dans un coin particulier de son
univers).
En
écho à cet échec me revient le souvenir d'un copain d’enfance. Il avait
commencé le basket avant d'arrêter rapidement, pas assez doué et trop dilettante pour la compétition sportive. Je le
voyais essentiellement à l'école, primaire puis secondaire avant mon départ
pour le sport-études. C'est surtout lors de ces dernières années que nos liens
se sont tissés. Sa sensibilité, son caractère plutôt discret, son côté rêveur,
presque marginal ne permettait pas de l'enfermer dans un formatage bien précis
comme aimait à le faire la conservatrice ville de province où j'habitais. Les
souvenirs sur lesquels je m'appuie pour l'affirmer sont flous mais je me
rappelle d'une volonté commune de donner suite à notre amitié naissante après
mon départ de l'école. Il y a eu déclaration d'intention mais je n'ai jamais
pris la moindre initiative, me sentant totalement incapable de gérer ce genre
de relation à l'époque. Les choses ont tout de même bien changé
aujourd'hui de ce côté mais l'amitié reste un engagement complexe, à tout âge
et sans doute pour chacun de nous. A bien y réfléchir, si on
neutralise la notion du temps tantôt amplificateur, tantôt pacificateur des
sentiments, je me demande si je ne regrette finalement pas plus cette relation
que celle qui vient de m'échapper dans les tâtonnements d'une vie où tout ne
fonctionne pas toujours selon notre propre volonté.