Billet de mars
Une chasse au sorcière obligeant la population à
déclarer sa collaboration avec la police secrète communiste. Une volonté
d’interdire aux enseignants de parler d’homosexualité et donc d’homophobie.
Nous sommes en Pologne. Nous sommes en Europe. Est-ce l'absence de constitution
européenne qui empêche les droits individuels d'être respectés au sein du
territoire européen?
Nous pouvons en tout cas être fier de voir émerger dans notre
europe occidentale des films comme l'émouvant et très beau film de Téchiné
"Les Témoins", sorti récemment, qui aborde avec rigueur et maestria fictionnelle
l'émergence du sida dans les années 80 (j'y reviendrai peut-être
ultérieurement).
La campagne française pour les
présidentielles est bel et bien lancée. Il est désormais plus clair de juger Ségolène Royal dont les prestations publiques se sont sensiblement améliorées après certains
tâtonnements qui avaient introduit le doute sur ses compétences. Mieux
préparée, elle semble mieux aborder les problèmes et ses interventions trouvent
désormais une expression plus enjouée que le rythme monolithique de ses
premiers passages en public. Son programme se décline en
de nombreuses idées manifestement de gauche, au
rang desquelles figure notamment la mise sur pied d'une véritable concertation
sociale entre syndicats (qu'elle veut plus forts) et patronat avec arbitrage
éventuel du gouvernement. Un système qui fonctionne en Belgique et permettrait
de sortir des oppositions continuelles et ferait peut-être naître une tradition
de compromis parfois bien utile pour la paix sociale.
Evidemment, certaines idées convainquent moins (sa conception sur le traitement
de la délinquance juvénile) et sa posture très mitterrandienne de suivre avant
tout son intuition peut provoquer quelque pensée malheureusement définie ainsi
que le risque que le parti ne fasse pas bloc autour d'elle.
Si le ralliement autour de sa personne peut s'accélérer au
cours de cette campagne, il semble cependant encore difficile pour une bonne
partie de la population de saisir pleinement sa personnalité, empêchant ainsi
une forte identification, indispensable pour un vote massif en sa faveur. J'y
verrais peut-être une explication dans le paradoxe suivant. S. Royal incarne la
modernité par sa simple condition de (jolie) femme candidate à l'élection
présidentielle ainsi que par sa volonté de réformer la façon de faire la
politique (démocratie participative, volonté de rétablir le dialogue à tous les
niveaux, décentralisation accrue). Mais elle représente dans le même temps une
forme de traditionalisme, visuellement exprimé par sa posture physique assez
rigide et hérité par son éducation familiale dont elle s'est
certes largement affranchie mais finalement pas totalement. Cela se traduit par
des idées symboliquement assez vieille France de placer la famille (et l'école)
au centre de son programme et des fondements de notre société ou encore la
façon de mater la délinquance des mineurs et l’exaltation de la nation (dans
une posture très différente de Sarkozy certes mais à la symbolique très
évocatrice).
Le décalage entre ces deux perceptions antagonistes brouille sans aucun doute
les repères d'une frange de la population : elle insinue un certain doute
auprès de la gauche progressiste (et l'aversion des libertaires comme Michel
Onfray) par son image parfois trop conservatrice et déstabilise par certaines
de ses options jugées tantôt trop audacieuses, tantôt trop autoritaires
l'électorat plus centriste.
Ségolène
représente cependant à mes yeux aujourd'hui la seule issue pour empêcher le
pays de basculer à droite et pour un certain temps. La machine de guerre de
l'UMP risque de verrouiller toute possibilité de changement et Nicolas Sarkozy,
une fois élu, pourra compter sur son populisme pour favoriser sa réélection.
Avec les dangers connus que sa politique pourrait créer (désordre social et
dans les banlieues, un conservatisme éthique isolant la France des autres
grands pays européens sur ces questions, une Europe libérale et sans
possibilité de transformation radicale impulsée par la France à ce niveau,…).
Quant à Bayrou, je crois que c'est la force de persuasion des deux candidats
principaux qui laissera à distance ce dernier dans les urnes. Bayrou président,
c'est la droite au pouvoir, la mollesse de la non-action, la crise
institutionnelle profonde (il sera incapable de rallier sous sa coupe une
majorité à l'assemblée lors des législatives). Bayrou, c'est un peu l'actrice
virtuelle Simone dans le film du même nom, créée pour répondre aux attentes du
public : un candidat hors système dans une France qui n'a plus foi dans
l'institution politique, hors du clivage gauche-droite dans un contexte où un
candidat peine à se révéler compétente aux yeux du public (un peu machiste sur
le fonds) alors que l'autre fait peur. Le président potentiel Bayrou en fait
n'existe pas.
Vu que
les Verts sont cette fois inaudibles (j'aurais voté Mamère en 2002 et sans
regret même après le 21 avril), que le reste de la gauche est avant tout
non-participationniste, que le vote utile sera de toute façon bien nécessaire,
Ségo sera mon vote virtuel cette année.
Finissons avec un sujet plus léger : Gaston Lagaffe a fêté son 50è anniversaire
en mars de cette année et paraît toujours aussi jeune et surtout moderne. Il
pourrait prendre place dans n'importe quel défilé de mode actuel. Le jeans
hyper moulant, les cheveux ébouriffés, la démarche nonchalante, l'attitude
dégagée, l'esprit un brin désenchanté, il incarne parfaitement une certaine
jeunesse actuelle.
Plus grave par contre: Britney Spears va mal. En cure de désintoxication, elle aurait tenté de mettre fin à ses jours. Ses ennuis ont amené son ex Justin Timberlake et son producteur Timbaland à lui venir en aide (pour éviter sans doute un "oops I dit it again"). Nous aussi mobilisons-nous pour Britney. Rasons-nous la tête par solidarité. Bon, je vous laisse la primeur de l'initiative...