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Mo's blog
26 mars 2007

My own private life

 

Pour la deuxième fois en 15 jours, L. est parti à l'étranger pour une semaine entière. Je garde un mauvais souvenir de cette vie récente en célibataire mais, je le sais, rien ne sert de comparer les périodes, le contexte émotif d'un jour n'étant pas forcément celui du lendemain.

Il a quitté le lit très tôt ce dimanche matin, glissant dans mon sommeil vaporeux un au-revoir à la tonalité appuyée englobant par son intensité tous ceux qu'il ne pourra m’adresser au quotidien au cours des prochains jours. Pour oublier son absence, souvent plus délicate les premières heures et lors d’un jour de week-end, j'ai décidé de dormir tard. Vers midi, me rappelant que la météo annonçait enfin un temps printanier, je me suis levé plutôt motivé.

Sur la table du salon, L. avait laissé quelques mots tendres. Une forme de déclaration qui succédait déjà à plusieurs autres au cours du mois écoulé. Jamais je n'avais été à pareille fête en près de 10 ans de relation. Longtemps, je les avais espérées dans une recherche de sentimentalité censée nous rapprocher et valoriser mon importance à ses yeux (et, par miroir, confirmer mes propres sentiments). Plus qu'un autre, au vu de nos débuts difficiles, j'avais rêvé d'entendre ces mots impudiques susurrés dans l'oreille ou les voir couchés sur papier avec de l'encre à peine sèche. Il aura fallu attendre tout ce temps et des circonstances particulières pour que la réalité rejoigne les espoirs. Le passé ne s'efface jamais mais la prise de conscience ne se révèle pas tardive, là est l’essentiel aujourd’hui.
Le voyage accélère d’ailleurs tant les émotions que les confessions par l'aura mystique qu'il distille. Il porte en lui le mystère et le rêve d'une autre vie, de nouveaux espaces, du dépaysement mais aussi le déchirement de quitter un territoire, sa propre existence et celle des proches. Derrière un au-revoir lors d'un départ vers d'autres cieux se cache un adieu potentiel, terriblement angoissant. Jacques Derrida avait joliment exprimé que par ses voyages réguliers (que la peur lui faisait concevoir comme le dernier, avant le retour espéré, un retour à la vie), il vivait en fait de résurrection en résurrection.

En début d'après-midi, j'ai surfé sur internet. J'ai laissé le poids de l'ennui m'envahir peu à peu pour que naisse le désir de bouger, de rencontrer des gens. J'ai envoyé un message à 2, 3 ami(e)s avant de rejoindre finalement l'un d'entre eux, errant dans une luminosité encore un brin hivernale. Le temps s'est écoulé rapidement, accéléré par les premiers effets de l'heure d'été. Je n'avais personne à rejoindre à la maison, aucun projet spécifique, volonté manifestée en réaction à la dernière fois où j'avais établi à l'avance quelques rendez-vous spécifiques. L'indécision laisse l'occasion de mieux répondre à ses besoins du moment.

De retour à la maison, j'ai chatté sur internet avec des connaissances, des inconnus pour combler un certain manque tandis que L. m'appelait pour signaler qu'il était bien arrivé. J'étais ainsi accompagné tant virtuellement qu'au fonds du cœur. Le vide spatial rappelle cependant certaines vérités et le moment m'a paru idéal pour donner la pleine mesure à un sentiment latent. "Tout le monde est seul", s'intitulait d'ailleurs l'épisode de Six Feet Under visionné.
J'ai toujours refusé de me transformer en pleureuse devant un film. J'ai combattu les poussées lacrymales d'abord par pudeur (puissant héritage familial), puis par peur de perdre une masculinité au moment j'associais cette réaction à une part féminine que je redoutais de trop exprimer. Enfin, aujourd’hui, je préfère les sentiments retenus ou contrastés aux effets de manche visant à exploiter la sentimentalité du spectateur pour qu'il adhère au produit. Le créateur de SFU ne peut être suspecté de jouer sur les émotions faciles alors qu'il s'est évertué au fil des saisons à afficher une complexité foisonnante et bouleversante de ses personnages. La profonde tristesse de l'épisode sans doute le plus cathartique de la série (une sorte de séance collective de relâchement des émotions face à un thème aussi fort que la mort, l'absence) n'a cessé de m'arracher des larmes.

A la fin de l'épisode, j'ai cherché à transformer la tristesse en confortable et gracieuse mélancolie en écoutant quelques morceaux planants (Phantom Limb des Shins, en écoute). J'ai poursuivi la lecture d'un roman s'inscrivant dans la même veine légère et émotionnelle avant de m'endormir en espérant y trouver la quiétude apparemment acquise. Mon sommeil fut saccadé, agité. J'ai eu l'impression de devoir lutter à plusieurs reprises pour empêcher de m'étouffer. La façade pacificatrice que je m'étais forgée avait cédé sous le poids d'un inconscient manifestement contrarié.

Quand le réveil-matin s'est mis en marche, le soleil emplissait à nouveau les espaces vides autour de moi. Je me suis levé pour aller travailler et accessoirement écrire, histoire de ne pas laisser au trouble une trop profonde avancée intérieure.

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Commentaires
M
J'aurais dû suivre mon instinct et publier avant que de te lire ! trop de similitudes dans le ressenti pour une situation légèrement différente, seule l'absence est le point commun de nos deux histoires. Ce n'est pas grave, la nuit porte conseil à ceux qui ne dorment pas.
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