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Mo's blog
22 février 2007

Une autre peau, une autre vie

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S'il existe une période de l'année qui questionne plus frontalement notre rapport au corps, il s'agit sans aucun doute des vacances au soleil - pour ceux qui y succombent. Au propre comme au figuré, celles-ci induisent un changement de peau. La nudité partielle (voire totale) exposée à la plage nous invite en effet à porter une attention spécifique à l’entretien préalable de notre corps "prêt-à-bronzer" (et par corollaire à notre alimentation). Dans le prolongement, le jeu des apparences en vigueur devant ou derrière les dunes nous plonge bon gré, mal gré dans une confrontation avec notre propre image, bien plus intense que dans un bar ou une boîte. Cette année, en me rendant aux Canaries, j'ai décidé d'adopter la meilleure technique de défense par rapport au doute qui pourrait prévaloir dans ce domaine en m'impliquant outrancièrement dans la partie: grosse chaîne en argent autour du cou, achat de lunettes et maillot fashion. Lors de mes dernières vacances à Ibiza, j’avais parfois eu l'impression de décrocher d'une forme de coolitude en observant, avec une certaine admiration, le style et l’audace de certains garçons. En prenant les devants dans un endroit nettement moins branché, j'assume cette image légère et profondément superficielle que je peux transporter, en m'en délectant même volontiers.

Quelque soit la proximité que nous affichons, L. et moi, nous cherchons toujours à externaliser notre vie de couple en la partageant à des yeux, des corps, des paroles extérieures neuves. En ce début de séjour, il nous semble toutefois impossible de dépasser les regards, voire les petits sourires échangés avec l'un ou l'autre. La faute à l'ambiance tendue entre nous après les remous récents et qui ne s'améliore que progressivement au fil du séjour?
J’ai souvent exprimé que le sexe constituait un excellent vecteur de socialisation. Je n'avais pas encore décrypté qu'a contrario, quand cette dimension entre en jeu et ne se concrétise pas, la relation s'en trouve résolument plombée. C’est le cas avec cet allemand logeant au même hôtel, que nous avons appelé Jurgen entre nous. Il partage sa table avec un autre garçon aussi insignifiant que moche (pourrait-il tout de même être son boyfriend ? ). Un lien semble pouvoir s’installer entre nous sur base d'éléments non verbaux exprimés, le point culminant étant atteint sur le chemin du retour de la plage, dans les dunes, lorsqu'il nous adresse un geste d'accompagnement sans ambiguïté sur ses intentions finales. Mais toujours flanqué de son ombre, dont la présence nous dérange pour un tel but, nous renonçons à cet appel, avec pour triste résultat une réaction d'indifférence lors des jours qui suivent.

Parmi les autres résidents de l'hôtel, nous retrouvons à nouveau cette année Junior (un gay italien d'une septantaine d'années, sosie du personnage de Junior dans la série "les Soprano") qui passe sans doute une partie de l'hiver sur l'île. Toujours accompagné de 3 amis au repas, nous l’apercevons ensuite aussi bien dans les rues que sur la plage, seul ou avec un de ses amis, dans une fort touchante vie de communauté organisée pour combattre la solitude des vieux jours.

La fin de semaine nous rappelle l'apogée des sorties de l'endroit et les possibilités de drague associées. Une démarche à la réussite douteuse si l’on en juge par le peu de beaux mecs. Il y a certes ce magnifique allemand, d'origine turque sans doute, vrai top-model, qui nous sourit régulièrement depuis que nous l’avons rencontré dans un magasin et qui arpente d'un pas décidé les dark-rooms en soirée. Son physique de mâle bien bâti m’impressionne. Ce genre ne correspond pas à mes préférences habituelles et ne m'excite généralement pas: s'agirait-il au fonds d’une protection de l’inconscient pour couvrir mes doutes de plaire à ce type de mecs et dissiper mes interrogations sur notre compatibilité sexuelle?

La soirée du samedi se révèle agréable mais ne débouche sur aucun contact. La machine paraît grippée, comme si un sort s’acharnait à coincer la dynamique dès son début. Même Dani, avec qui nous avions communiqué sur internet avant notre arrivée, ne donne aucune nouvelle, trop pris sans doute par ses études et les préparatifs du carnaval. Chercher à maîtriser, voire forcer les événements interdirait-il leur survenance, leur consistance? Par quel miracle notre périple parviendra-t-il à faire naître, sur les cendres d’un brasier souffreteux, une unité globale, compréhensible, étouffant toutes les frustrations?

Le dimanche soir - le carrosse de Cendrillon s'est même déjà transformé en citrouille, nous décomptons les quelques minutes qui nous sépare de notre retour à l'hôtel pour un repos bienvenu avant notre départ et la reprise immédiate du travail. Nous circulons dans un bar quand nous apercevons Jurgen et son copain attablés un verre à la main. C’est le moment ou jamais de leur parler. La timidité nous paralyse encore un instant mais la perspective d'un regret amer l’emporte cette fois : je décide de les aborder en me présentant.
Inaudible, un petit bruit a soudain résonné dans l’univers des constellations. Celui d’un déclic en attente sans doute depuis des jours et dont l’activation du processus va enchaîner les événements dans un tourbillon d’autant plus intense que le temps est compté et que seule la raison finira par arrêter.
Plus rien ne semble impossible relationnellement (comme cette rencontre avec le drôle et charmant Mr Gay Wales) ou sur le plan de la séduction. Même avec ce bellâtre turc-allemand dont seule l’aversion au trio justifiera la platitude de nos désirs et que nous remplacerons plus tard par un compatriote. Le lendemain, nous découvrons par hasard le meilleur resto du séjour et Markus (puisque tel est finalement le vrai nom de notre Jurgen) nous emmène, juste avant le gong du départ, dans un bar à retenir pour une visite ultérieure. Tiens, notre contact internet Dani a aussi essayé de nous joindre ce matin alors que nous dormions…

La vie tiendrait-elle à l’un ou l’autre élément fondateur déclenchant un nuage fécond d’événements favorables dont l'origine émanerait autant de la confiance en soi, de l’appréciation subjective portée à ces instants, du domino relationnel mis en branle que d’une forme de gratification supérieure pimentant l’envol des émotions jusqu’à leur climax?
Qu'importe ensuite les retours difficiles, ces moments impondérables irradient de leur verve le doux revers des souvenirs et produisent à l'intérieur de l'organisme le même effet que le bronzage dispense à la surface de la peau.
Les traces euphorisantes sont suffisamment éphémères pour en profiter encore quelque peu, jusqu’à souhaiter les décrire égoïstement sans pouvoir en partager la satisfaction, déjà chancelante avec le temps.

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Commentaires
M
Jonas, heureux de te lire. <br /> Je me doutais bien que cela ferait tiquer cette phrase mais tu ne peux savoir à quel point les adjectifs étaient vrais lol (surtout l'insignifiance est gênante pour être honnête).<br /> Bonne escapade en Cornouaille!
T
Des réflexions de-ci de-là, qui me laisseront perplexe, comme : "Il partage sa table avec un autre garçon aussi insignifiant que moche (pourrait-il tout de même être son boyfriend ? )." Tsss-tsss... Mais tu te doutais bien que cet a priori me titillerait ;)<br /> Dans l'ensemble, j'ai lu un récit dont le style redevenu souple et sensuel, me semble-t-il, rassure sur le possible apaisement qu'aura chez toi rétablit cette escapade. Ta coutumière adoration du soleil m'a attendri, sans-doute parce que je te reconnais bien là, dans cette couleur caramel des galbes jeunes et fermes sur quoi brille un lacet de lumière (je me permets, au passage, d'embrasser ce sein que tu nous donnes à voir).<br /> Et pour continuer à ne pas t'étonner, je serai cette semaine à Quimper ^^
M
Ah ah je n'avais jamais pensé qu'ils puisse être considéré comme féminin lol
M
N'y vois pas là quelque moquerie ou propos déplacé, je trouve très féminin le collier qui n'a rien d'une chaîne, ça ne lui retire pas sa valeur. Des vacances en demi-teinte. J'attends les récits de ma nièce, au même endroit et à la même époque ...<br /> "le peu de beaux mecs" ils pensent comme toi non ?
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