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Mo's blog
9 février 2007

Personne n'est parfait

Si l'émotion traverse nos vies, que devons-nous faire de son trop-plein ?
Il arrive à certains moments de se laisser
absorber par une fragilité intérieure, dans une période que l’on pourrait qualifier de mélancolique où affleurent les sentiments les plus divers dans une exacerbation radicale. Décentré de son équilibre émotionnel, on y expose son cœur à vif et cette anarchie affective peut provoquer des remous qu’il n’apparaît plus possible de maîtriser.
N’est-il pas préférable de vivre cet état seul, en arrachant les émotions en simple spectateur de scènes de la vie quotidienne ou de la création artistique, plutôt que s'immiscer dans l'arène humaine plus participative ?

L'envie de vivre le contact interpersonnel sous un jour plus intense stimule autant qu'elle ne fait peur. Une forme de défense vise à nous protéger des retombées incertaines en reculant face à cet investissement.
Et quand une pression externe contraint à nous extraire de cette bulle intérieure, nous pénétrons dans un champ de couleurs plus vives qu’à l’accoutumée, à l’acoustique renforcée amplifiant le moindre battement de c
œur, propulsé au centre d’une toupie dont la vitesse de rotation excessive finit par nous faire tourner la tête.

Mon immersion vient de durer une semaine. Je me suis senti tour à tour excité sexuellement, ému, brièvement serein, de nouveau sous l’emprise du désir. J'ai deviné, inquiet, l’ombre de la mort en côtoyant la luxure. J'ai cherché à renforcer la balance d’émotion positive. Je m'y suis perdu, plongé dans un trip émotionnel qui m'a rapidement dépassé. J'ai aimé, j'ai aimé l'être. J'ai tenté de reculer tout en avançant, j’ai perdu tout contrôle, j'ai pris peur, j'ai fui. J’ai entendu la souffrance, j'ai pleuré. Longuement. Avant de m'endormir.

A mon réveil, après 6 jours d’apnée dans cet espace chimérique, j'ai émergé. J’ai aperçu la sortie et ses deux issues, dans un décor où l’éclat des couleurs chaudes avait cédé le relais aux teintes blafardes. Le vent soufflait dans mon dos, prêt à m’aspirer de nouveau mais bien emmitouflé, j’ai résisté tant bien que mal. J’ai gardé les yeux rivés sur cette bipolarité. Je n'ai pas bougé, je n’ai pas eu peur d’attendre le crépuscule du 7ème jour avant de rejoindre la voie que j’avais décidé d’emprunter.

L. se trouvait là, raide, inexpressif, presque indifférent dans un réflexe d’animal blessé. J'ai amorcé le dialogue, j'ai tenté - sans succès - de réformer avec lui la vie qui nous attendait derrière cette porte. Qu’importe, j’avais fait mon choix. Poursuivre cette vie globalement heureuse, bien que percée par cette faille éternelle, issue du passé et que le temps n'a jamais pu effacer, cette irréconciliable brisure qui contamine tout partage de tendresse au point de vouloir l’éprouver dans les bras d'autres garçons par temps de mélancolie.
J’ai préféré renoncer à cet autre chemin où se dessinait à l’arrière-plan l’esquisse d’une silhouette troublante et émouvante, à la jeunesse soudain trop angoissante. Je risquais de perdre cette force que L. me transmet au quotidien, ce halo de vie positive qu'il éclaire en permanence même quand je voudrais qu'il l'éteigne avec moi à certains moments.

J'ai fermé les yeux. J'ai pris sa main. Nous avons regardé devant nous. Des vacances tout d’abord, avant un nouveau bout de chemin à l’horizon désormais plus incertain.

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Commentaires
M
Il semblerait qu'elles se prolongent (les vacances), il n'y avait plus de carte postale pour la famille ?
J
Moment délicat qu'un môme de 20 ans aurait du mal à trouver beau, juste, et crucial. Les deux routes penchent mais l'une est une pente, et l'autre une côte. Je continue de préférer (de privilégier) la côte.
M
Peser le pour et le contre, lâcher la proie pour l'ombre, l'individu est souvent confronté à un choix. Il est des blessures si profondes que rien ne pourra jamais les combler, autant se satisfaire de ce que l'on a. <br /> Mo', ce discours c'est à moi que je le tiens parce que tu me fais réfléchir et je suis une nouvelle fois parvenue à la conclusion, après tant d'années, d'avoir fait le meilleur choix, même si ce n'est pas idéal : celui de me taire, dissimuler, traverser la vie avec lucidité.
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