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Mo's blog
17 janvier 2006

Du bobsleigh en hiver

"Je le vois bien, tu es sur la mauvais pente", me dit-il.
Je suis surpris qu'il ait détecté cette inflexion. Même si elle est visible, L. a toujours eu tendance à se voiler la face à ce niveau. Sa remarque est un encouragement à me reprendre en main, pour une bonne part dans son propre intérêt. 
"Mais ça fait 15 jours que je plonge", dois-je lui concéder.
La pente n'est pas très raide mais savonneuse. Je cherche un appui pour freiner la chute mais je lâche rapidement prise, préférant me laisser emporter confortablement par l'élan plutôt que de m'accrocher vainement contre vents et marées. Je me réfugie dans une posture qui m'évite les désillusions d'une vie "vécue à la normale". Certes, je mets au point quelques tentatives de redressement mais la montée en neige ne s'opère pas si facilement.

Après la soirée de vendredi, le samedi n'apporte guère d'eau au moulin de ma reconstruction. Ma seule sortie de la journée se solde même par un échec: un film qui ne me plaît pas et une détestable impression de ne pas pouvoir exister à l'extérieur, l'envie de fuir, de rester dans mon monde.

Dimanche, je veux me donner une nouvelle impulsion. Je suis satisfait de m'être enfin vraiment reposé en dormant 10 heures d'affilée. J'accusais un réel déficit dans ce domaine. Je refais quelques exercices physiques, que j'avais un peu délaissés ces derniers temps. J'utilise même un masque anti-fatigue pour redonner un peu d'éclat à mon visage. L'après-midi, je me rends à un goûter chez un ami avec le nouveau pull que j'ai acheté aux soldes. J’y passe un agréable moment. Nous jouons à Pyramide, je me débrouille plutôt bien. On me complimente sur ma nouvelle acquisition. Je me sens mieux.

Le lendemain, je me lève avec la gueule de bois: fatigue (mais où sont donc passées les heures de réserve acquises la nuit auparavant?), une toux tenace, des craintes d’ordre dentaire et le poids d'une nouvelle semaine de travail avec son lot de responsabilités supplémentaires suite au départ d'un de mes collègues. J'ai bien reçu quelques bonnes nouvelles lors de mon évaluation mais elles ne compensent en rien un sentiment d'étouffement.

En fin de journée, je n'ai pas la volonté d’accompagner L. à la piscine. A son retour, il ramène avec lui un de nos amis. Je suis content de le revoir après le doute récent à son propos. Ils m'expliquent qu'ils ont vu un super beau mec là-bas, le gars n'hésitait pas à les regarder. Ils en rigolent.
Je me sens blessé par ces simples évocations. L. séduit alors que je ne m'en sens pas du tout capable en ce moment, il consolide une amitié au sein de laquelle j'ai l'impression de tenir la chandelle. Je referme immédiatement la coquille et m’éloigne de leur discussion. Je cause peut-être certains dommages à cette relation d'amitié mais je ne fais que me défendre avec les moyens actuellement à ma disposition. La solitude comme muraille contre les déceptions et attaques de la vie sociale. Je retrouve même dans mon comportement des pointes de réflexe masochiste qui me poussent à accepter de me faire du tort avec un malin plaisir.

Je prends conscience que je pourrais m'en sortir plus aisément en tant que célibataire. Avec L., je me fixe un point de comparaison face auquel je trouve un élément de dépréciation personnel permanent: le voir séduire, entretenir des amitiés, être flamboyant sont autant de fêlures internes.
Point de conclusion hâtive toutefois. La réponse est en moi. La seule solution acceptable en ce moment est de me mettre à distance pour ne pas jouer dans le même registre que lui. Me mettre en retrait, expérimenter les vertus de la patience (en veillant à ne pas trop me rapprocher du gouffre) avant le retour des beaux jours. Ceux où la conscience de ma propre estime réapparaîtra et rejaillira sur mon comportement. Ceux où par magie le contact interpersonnel ne sera plus un malaise à retardement mais bien une source d'épanouissement. Ceux annonçant le printemps peut-être…

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Commentaires
M
Une petite idée pour prendre le dessus de la situation : écris L. en minuscule, tu seras bien plus grand, son ego n'en souffrira pas, il ne va pas le remarquer et à ce moment-là, prends bien fort la respiration et gonfle les pectoraux. Dieu que tu es beau ! le reste va suivre avant le printemps.
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