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Mo's blog
25 novembre 2005

"A history of violence" de David Cronenberg ****

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Après avoir lu certains bouts de critique, je m'attendais à un film assez théorique sur l'état de la violence dans la société américaine. Et là surprise, ce film est avant tout un vrai thriller au plaisir immédiat grâce à une maestria dans la réalisation (simple, sèche et efficace) et une progression narrative qui ne connaît pas de moments faibles (au contraire de beaucoup de productions du genre).

Si tout est étudié pour donner une vraie consistance à l'histoire, Cronenberg glisse habilement au détour de scènes a priori plus banales quelques images et idées fortes. J'en retiendrais deux à titre d'exemple (attention pour ceux qui n'ont pas vu le film, le charme pourrait être rompu). 

Ainsi l'idée d'une violence axée sur le (simple) principe de la loi du plus fort est exprimée intelligemment dans une des scènes du film. Un soir, pendant que le fils du héros et une amie réfléchissent à leur vie future, l'ennemi intime de ce dernier l'aperçoit et se décide à aller lui donner une bonne leçon, sûr de son pouvoir sur celui qu'il considère comme une mauviette. Alors qu'il veut s'approcher d'eux avec sa voiture, il est interrompu dans sa course par une camionnette qui abrite les tueurs du début du film. Le simple regard indiquant la menace d'un plus fort que soi le ramène à la raison (scène permettant une superbe transition sur le retour des tueurs en ville et déclenchant véritablement le thriller quelques secondes plus tard).

Autre scène marquante, celle où la femme de Tom, après avoir découvert le passé de son mari, se révolte contre lui. A nouveau en proie à ses réflexes violents, Tom/Joey la retient fermement quand soudain leur dispute se transforme en relation sexuelle. Le désir n'est pas tant à l'adresse de Tom mais bien vis-à-vis de l'homme violent qu'il peut être (Joey). Un fantasme non plus gentillet (à la pom pom girl du début) mais s'articulant autour de l'attrait de la violence, voire de la douleur comme source de plaisir (une thématique de perversité sexuelle typiquement Cronenberg).

Par ailleurs, on retrouve, comme dans ses autres films, le soin de Cronenberg pour la photographie (rarement un réalisateur aura pu créer autant d'ambiance dans les espaces intérieurs, comme un bar). Il joint ici l'humour, qui flirte même avec le genre Tarantino, notamment dans la très réussie avant-dernière scène où il retrouve son frère.

Mélange de détachement, d'intelligence de mise en scène, de beauté visuelle, un grand Cronenberg dont la maturité rappelle celle de Lynch sur Mullholland Drive (le charme langoureux en moins). C’est pas peu dire…

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