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15 février 2005

Vacances Canaries 2005 (part 1)

Ecrire le récit de ses vacances, peut-être un moyen de les solder. Le risque d’en effacer plus rapidement le souvenir. Mais aussi, d’un autre côté, une tranche de vie particulière. Celle du voyage, de l’inconnu, de la déception, de la surprise, de la quiétude, de l’incongru. Bref tout ce qui constitue le ciment d’une existence. Dès lors, pourquoi pas ?

Dimanche

Le départ pour les Canaries est prévu le lendemain.
Je ne me sens pas totalement à l’aise. Le trajet en avion me ronge d’inquiétude. Dans mes visions les plus morbides, je vois Ben Laden danser sur de la tôle accidentellement mal vissée.
Le voyage suggère une rupture totale : quitter sa vie, sa maison, ses amis. Avec en coin, l’idée qu’il s’agit peut-être du dernier. Je me soumets à un sort que je ne maîtrise plus. Tristesse et inquiétude devant cette sensation d’abandon que j’ai toujours détestée et qui finit par occulter la sensation douce que les vacances peuvent procurer.
Je pense souvent à Alex, rencontré 3 jours plus tôt. Une première prise de connaissance qui finit, sans surprise, allongés. « Waw » dit-il après. Nous n’avons sans doute rien à voir à cela. Tout s’est joué dans son propre désir, dans l’expression qu’il lui imprime. Sa motivation, son investissement, sa jovialité, son visage fin, son corps doux, ses yeux bleux évoquent Nez. Après ce moment magnifique, le doute pointe déjà. Quelque chose s’est produit. Une osmose particulière. Attention danger. J’ai envie de recommencer.
Il est revenu ce dimanche. Il nous a parlé de ce garçon, son amoureux potentiel. Par respect pour cette relation naissante, nous sommes restés sages. Peut-être aussi par peur de nous engager dans une relation plus régulière. Le désir était palpable. Alex ne se sentait en rien lié par sa rencontre. Avant de partir en boîte, il nous a embrassés goulûment. Ce charme dévastateur va faire souffrir bien des garçons. Là-bas, nous l’avons laissé retrouver son amoureux. Vingt minutes plus tard, L. (mon boyfriend) me confie l’avoir vu embrasser un autre garçon. Il nous a rejoint un court instant, nous avouant avoir « enroulé » deux, trois garçons mais sans sentiment derrière. Ce jeu révèle un furieux besoin affectif chez lui. J’observe son possible futur partenaire. Il renifle du poppers. Je jette un nouveau coup d'oeil deux minutes plus tard. Il porte à nouveau son flacon vers ses narines. Il ne me plaît pas. Les petits jeux me mettent mal à l’aise, je ne pourrais en rien y trouver mon compte. Je perçois poindre en moi aussi une part de jalousie, que je ne m’explique raisonnablement pas. Je le confie à L. qui m’avoue vivre les mêmes émotions. Ce garçon peut rendre fou. Le voyage devra nous le faire oublier, du moins sa présence dans nos esprits.

Lundi

Notre départ est programmé l’après-midi. Je veille à ne rien oublier. Notamment un Xanax. Le stress n’a pas oublié le rendez-vous. Le sentiment confus du départ, de laisser quelque chose (tout ?) derrière soi continue de m’accaparer. Le doute sur l’opportunité de ces vacances s’amplifie également. Pour conjurer les événements pénibles de l’hiver dernier, l’idée d’un repos au soleil s’est imposée. Je me sens globalement bien en ce moment. Tout cet argent n’aurait-il pas pu être utilisé pour autre chose, un autre voyage, ailleurs ? Le pressentiment d’une erreur envahit mon esprit. La vision du film « Ma mère » de C. Honoré l’a renforcé : on y voyait la clientèle gay du centre commercial proche de notre hôtel. Un genre que nous n’affectionnons pas. Au contraire de ce que nous pouvions trouver ce week-end à Bruxelles. Pourquoi partir si loin ? Je crains que L. me tienne coupable du choix des vacances. Il m’a suivi dans la démarche de ce repos au soleil en cette période de l’année en pensant surtout à moi et m’a laissé l’initiative des réservations.
Après un vol sans encombre, nous arrivons enfin. Le temps est nuageux, la température fraîche pour l’endroit (16°). Déception. Le bus nous amène à l’hôtel. Notre arrivée a dû faire baisser la moyenne d’âge à 55 ans. Pour rejoindre notre chambre, nous devons traverser un nombre incessant de couloirs intérieurs puis extérieurs. Notre chambre doit être l’une des plus éloignées de la réception. A l’intérieur, je dois rapidement renoncer à retirer mon pull tellement il fait froid. Nous avons beau chercher un chauffage : il n’y en a pas. Le réceptionniste admet que le temps n'est pas à la fête mais affirme que demain ça ira mieux.
C’est la goutte d'eau. Je préfère anticiper la réaction de L. Je lui concède que j’ai dû commettre une erreur. Son côté optimiste me répond que non avant d’enchaîner sur « c’est une catastrophe » en rigolant. Je me sens soulagé.
Nous sortons le soir prendre un verre dans le centre commercial. Peu de monde. La clientèle gay semble disséminée dans les nombreux bars du complexe. L’ambiance globale s'en ressent. Seule animation notable, un bar à karaoké avec quelques travestis anglais, l'anglais en langue officielle et la clientèle…anglaise. L’atmosphère s’y révèle bonne enfant. Dans l’ensemble, la découverte nocturne du complexe livre un résultat un peu maigre. Nous n'en avons cure: nous avons décidé de nous satisfaire de petits plaisirs.

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Commentaires
T
whaoh! elles sont magnifiques les photos!!
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