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Mo's blog
13 janvier 2008

Une vie antérieure part 17 : "comme un interdit"

 

viavant17

Me voici parvenu en avant-dernière année d’économie. Désormais, les étudiants se connaissent tous, sans pour autant verser dans une amitié systématique, bien au contraire. Même si de manière un peu surprenante je ne ressens pas trop un sentiment carriériste chez les autres, je ne parviens pas à déceler une sensibilité qui m’en rapproche. J’imagine que des études artistiques ou en sciences sociales m’auraient davantage mis en contact avec des personnalités susceptibles de rejoindre mes envies d’évasion, dans des discussions moins en relation avec l’objet de nos études.

Je parviens néanmoins à approfondir la connaissance de Loranne rencontrée fin de l’année précédente et manifestement désireuse d’entrer en relation plus étroite avec moi. Elle m’invite chez elle, je lui fais partager mes nouveaux goûts discographiques.
Par l’entremise de cette singularité musicale, j’ai l’impression de me forger enfin une personnalité propre. Elle ne s’intègre pas dans un modèle spécifique bien défini mais se développe plutôt dans une volonté de différenciation vis-à-vis des autres. Cette réorientation manque pour le moins de souplesse. Je suis convaincu des préférences, des choix que je pose avec une certaine raideur qui n’autorise guère le partage d’émotions avec d’autres. Je me sens toujours assez seul.

La fin d’année scolaire approche sans grand stress, les examens ne sont plus que des formalités à ce stade des études. A l’issue de la session, je réponds à l’invitation de Loranne de passer un week-end à la mer en compagnie de deux de ses amis, une fille qui partage nos études et un garçon qui m’est inconnu. Les heures qui défilent lentement durant le séjour me plongent dans un sentiment bizarre d’avoir été pris au piège. Je réalise peu à peu que ce week-end organisé a pour but de favoriser un double rapprochement romantique, moi avec Loranne et les deux autres ensemble. Je fais de mon mieux pour éviter ce dont je n’ai pas envie tout en veillant à ne blesser personne. Il n’empêche, je rumine, je ressasse cet échec. En août, je confie mes doutes à Sophie revenue quelque jours d’Angleterre. Suis-je capable d’aimer, de trouver quelqu’un avec qui le partager? Les questions ne portent encore que sur cette impossibilité à trouver un complément d’âme. Certaines filles pourraient rythmer les battements de mon cœur mais j’ai l’impression de ne pas leur plaire. Je voudrais déclencher un émoi spontané chez l’une ou l’autre jolie fille mais je ne semble faire fantasmer que Sylvia, un poids lourd dont le seul attrait réside dans le port d’un prénom symbole de l’érotisme féminin. Une bien maigre consolation…

Je ne me le concède pas encore mais mon désir demeure presque exclusivement orienté vers les garçons. Je ressens une vibrante émotion quand je revois Syl venu chercher son frère qui joue dans la même équipe que moi désormais. De retour à la maison, je me branle en pensant à lui, à ce qui nous avait uni, à ce rougissement qu’il a encore témoigné plus tôt dans la journée. L’expression de mes envies devient plus intense, plus sexuelle que romantique, empreinte d’un début de frustration.

Le trouble envers les garçons se densifie lorsque je tombe sur une nuit spéciale de Canal + consacrée à l’univers du porno. Un reportage est consacré au porno gay, diffusant des extraits de films. Je suis marqué par l’image de ce jeune mec qui pourrait être moi et qui se fait sodomiser par un mec plus musclé (je retrouverai bien plus tard la trace video de ce Gamin de Paris). Cette représentation du sexe entre hommes, une première pour mes yeux vierges, suscite une excitation bien réelle mais me met également mal à l’aise. Cette vision du mec passif à laquelle je suis désormais obligé de m’identifier me dérange, elle ne s’accorde pas avec mon état d’esprit. Elle semble remettre en cause ma virilité, du moins celle véhiculée ardemment par le milieu sportif que je fréquente. Cette scène me hante de plus en plus lors des jours suivants et finit par révéler à mes yeux une forme de violence alors qu’elle n’en recèle pourtant aucune. Je ne peux dès lors me convaincre de pouvoir aimer cela, reportant à plus tard de nécessaires conclusions.

Mon esprit reste plongé dans une configuration de vie future bien déterminée: trouver une copine, me marier et avoir des enfants. Le doute a cependant commencé à s’installer. Si je ne parviens pas à m’exciter sur une fille, si je ne la désire pas, comment vais-je pouvoir régulièrement lui faire l’amour ?

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Commentaires
M
Des récits d'adolescence, ce que pense un garçon, c'est ce que tu écris. La fille que je suis achoppe sur le "régulièrement", il faut d'abord commencer et il n'y a rien de pire que la régularité, le programme établi, le jour, l'heure, le lieu etc. <br /> Se marier, avoir des enfants ça ne prend pas beaucoup de temps pour les faire ... pour le reste c'est selon les capacités individuelles.<br /> J'aime bien ce retour en arrière, comment on pensait lorsque nous étions plus jeunes.
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