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Mo's blog
17 octobre 2007

Bye bye Belgium?

Samedi dernier. Nous rejoignons le stade Roi Baudouin (anciennement appelé Heysel, de sinistre mémoire). La Belgique y joue un match international de football contre la Finlande. Elle est déjà quasiment éliminée de ce tournoi qualificatif pour l'Euro au contraire des nordiques. Les prestations des Diables Rouges sont désastreuses depuis quelques années et le public s'y désintéresse. Le stade n'est rempli qu'à moitié et l’ambiance est essentiellement assurée par les supporters adverses arborant fièrement leurs couleurs bleues et blanches. Sur le chemin menant vers le stade, je suis surpris par l’absence de noir, jaune et rouge sur vêtement, écharpe ou casquette. Peut-être une personne sur 10 affiche un article aux couleurs nationales. En Hollande, au minimum l'inverse serait de mise.

Nantis d'une invitation, nous prenons place - sans grande motivation - dans la tribune réservée au sponsor et composée essentiellement de néerlandophones. Au moment des hymnes, j’observe, ébahi, le peu de considération de mes voisins à notre hymne. On continue à plaisanter, on se lève à peine. A l'heure où les difficultés dans la formation du gouvernement fédéral persistent, je ressens avec une acuité particulière le sentiment d'une déliquescence de la Belgique. L’ambiance terne (durant tout le match) me donne même l’impression d’un enterrement sans fioriture de notre pays. Je ne sais pas si c'est la tristesse qui m’envahit ou l'ennui devant cette pantalonnade (qui a ranimé l’envie de me rendre au stade de mon équipe favorite pour profiter de l'ambiance ô combien plus explosive offerte par nos supporters), je regrette presque ma présence devant ce pénible sentiment de fin de parcours.

Le constat semblait implacable ce samedi soir et d'autres éléments viennent confirmer cette tendance. Près de la moitié des électeurs néerlandophones se montrent favorables à la séparation du pays selon un sondage. Yves Leterme, l'homme fort du premier parti néerlandophone (le parti chrétien, CD&V, 30%), méprise les francophones en les traitant d'incapables intellectuellement à apprendre le néerlandais ou en entonnant la marseillaise quand on lui demande de fredonner la brabançonne. Ca et là, des traces de détérioration de l'ambiance entre francophones et néerlandophones dans les entreprises bruxelloises se manifestent.
La fin semble proche (c'est l'hypothèse qui prédomine d'ailleurs dans la presse étrangère) et pourtant….

L'électeur flamand est conditionné depuis déjà des années par les médias et politiques néerlandophones. Comment ne pas manifester de déférence vis-à-vis de cette Wallonie "paresseuse, dispendieuse, mal gérée, corrompue"? L'exaltation du sentiment nationaliste se double d'un individualisme forcené visant à rompre la solidarité avec des francophones profiteurs (au mépris de l'histoire passée où le contraire fut de mise). En démontant un certain nombre de faux-semblants (sans pour autant nier la réalité des transferts financiers du Nord vers le Sud), nul doute qu'une partie de la population flamande relativiserait ce point de vue et il n'est jamais trop tard pour rectifier cette vision médiatique. Le mal est cependant désormais bien profond.

La réaction francophone est quant à elle contrastée. Il existe un mouvement autonomiste francophone ou wallon mais qui reste fort marginal. On observe l’affirmation d’un certain belgicanisme qui se manifeste par les drapeaux arborés aux fenêtres de maisons à Bruxelles ou en Wallonie. Mais il se développe également une position intermédiaire dominée par un ras-le-bol devant la suffisance affichée par les politiciens flamands à l'égard des francophones. L'idée d'une séparation du pays, inenvisageable jusqu'il y a peu, prend forme au sein de cette frange de population : si la Flandre veut son indépendance, qu'elle la prenne et en paie le prix fort, notamment en reprenant la dette publique et en lâchant la très francophone (à 85%) Bruxelles (aussi la capitale de la Flandre, qui en est co-gestionnaire).

Je partage ce point de vue. Je reste belge et souhaite la poursuite d’une aventure commune. Mais si demain la cohabitation devient impossible et que l'arrogance flamande ne cesse de s’amplifier à l’avenir, je suis partisan de ne plus rien lâcher sur le plan institutionnel (enjeu principal des négociations du gouvernement) et laisser la Flandre négocier de lourdes concessions à ses velléités séparatistes. Si l'impasse devait se poursuivre, les partis francophones seraient bien inspirés de revoir leur positionnement et d'inviter les flamands à exposer clairement la vision de leur avenir aux yeux de tous.

Car au fonds, le destin belge leur appartient désormais. La Flandre devrait enfin poser le débat de la concession inévitable derrière la volonté d'indépendance. Ils n’obtiendront pas le beurre et l'argent du beurre simplement parce qu’ils sont majoritaires dans le pays (60% de la population). Il faudra que les partis néerlandophones séparatistes ou confédéralistes (ce qui, à mon sens, revient à la même chose : si la solidarité est rompue sur le plan fédéral, il n'y a pas de raison de laisser le pays en l'état), devenus majoritaires lors des dernières élections, révèlent clairement à leurs électeurs le prix à payer. Il faudra en outre qu'ils assument les problèmes qu'ils rencontreront à l'avenir une fois que le bouc-émissaire aura été écarté (ces francophones qui empêchent le développement de cette région flamande riche) et l'exemple récent de la démission d'une importante ministre à la région flamande pour favoritisme et mauvaise gestion devrait déjà interpeller. Mais c'est une autre question qui ne nous regarderait plus. La Flandre doit dans l’immédiat poser un choix décisif : payer le prix fort pour son indépendance ou en revenir à un compromis acceptable pour toutes les communautés.

Ps: Une anecdote pour terminer, présageant peut-être d'un lendemain apaisé. Nous avons reçu nos places au foot d’un couple de gays néerlandophones faisant partie de l’entreprise sponsorisant l’équipe nationale et dont l’un est membre actif du parti chrétien flamand de Y. Leterme, dont il se sent proche. Du dialogue, des échanges, du transfert de type économique entre Nord et Sud pour le bonheur de tous.

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Commentaires
M
Il y a toujours une différence importante entre les expressions de l'individu et celle d'un groupe. C'est toujours plus difficile de vivre l'Histoire que l'expliquer après coup si je puis dire ... finalement heureusement que la vie est courte, comment pourrions-nous vivre en harmonie avec quelques décennies de plus ?
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