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Mo's blog
12 juin 2007

Billet de juin

C'est la fin d'un cycle. Le rythme des élections prend fin en ce mois de juin tant en France qu’en Belgique et c'est bientôt l'occasion de parler d'autre chose (quoique la politique est une question citoyenne quotidienne).
Avant de tirer un trait, je ne peux m'empêcher de dresser la situation en Belgique où les résultats défavorables de la gauche ont suivi ceux observés en France, avec une probable cure d'opposition au niveau fédéral (national).

Si la Flandre s'est à nouveau fortement droitisée et a plébiscité les partis séparatistes lors de ce scrutin, la situation est moins tranchée en Wallonie et à Bruxelles. Je demeure persuadé que la gauche reste dominante (certainement en Wallonie) mais la perte de leadership du PS francophone au profit du MR (parti libéral) a déplacé le centre de gravité politique. Le MR a désormais la main pour former une coalition de centre-droit en s'alliant au CDH, le parti centriste (le Modem belge) dont le cœur de la présidente penche pourtant à gauche (le PS et le CDH forment d'ailleurs la majorité en région wallonne et en région bruxelloise, le prochain scrutin concernant ces niveaux de pouvoir étant prévu en 2009).

Le ressac de la gauche se révèle pourtant assez faible dans l'ensemble, la perte de voix du PS ayant profité principalement au parti Ecolo catalogué à gauche (même si un doute se pose quant à la stratégie des dirigeants qui affirment n’avoir aucune exclusive quant à une forme de coalition). Mais la logique de parti vainqueur/perdant lors d'une élection et la pression de la Flandre droitière pour ne plus gouverner avec le PS rend la présence de la gauche au pouvoir fédéral peu probable. A moins d'une exigence flamande de réforme de l'Etat (ceux-ci veulent encore plus d'autonomie au contraire des francophones qui prônent le statut quo), laquelle réclamerait un majorité des 2/3 au parlement et ainsi une coalition plus large.

Pour les français qui réclament (sans doute avec raison) une part de proportionnelle, on peut donc observer que le message des électeurs pour constituer une coalition dans un tel système à un seul tour n'est pas forcément des plus clairs et demeure in fine le choix d'alliances de parti (il s'agit d'une constatation, pas d’une critique).

Le tassement du PS trouve son explication principale dans les affaires à Charleroi qui ont miné la ville depuis deux ans et plombé la campagne au cours des deux dernières semaines avec une nouvelle vague d'inculpations (moins pour des faits délictueux individuels qu'au nom de la responsabilité collective d'avoir participé au collège décisionnel durant les 12 à 15 dernières années) dont le calendrier judiciaire peut étonner (pourquoi si près des élections et seulement au compte-goutte pour un même fait reproché?). La presse a pu s'en délecter, elle qui cherchait depuis longtemps à crucifier le parti (c'est une évidence, la gauche  - et le PS en particulier - ne possède plus de relais au niveau médiatique).

On pourra évidemment affirmer que ces avancées judiciaires étaient prévisibles et qu'il aurait fallu nettoyer les écuries d'Augias bien avant. C'est peut-être vrai mais la révolution de velours entreprise par le président du PS Elio Di Rupo dans le but de préserver l'unité du parti et dans le respect des hommes en place présumés innocents (après la mise à l'écart immédiate des principaux protagonistes de l'affaire) avait plutôt bien réussi jusque là.
La confiance unanime maintenue par les mandataires socialistes envers leur président et son score personnel impressionnant malgré la défaite démontre qu'Elio Di Rupo incarne toujours la meilleure solution pour conduire le parti.
Ce lendemain de défaite me donne l'envie de rendre hommage à cet homme qui vient peut-être de connaître son premier échec politique (après avoir frôlé une chute injuste il y a 10 ans lorsqu'il fut la victime d'une dénonciation fantaisiste de pédophilie en pleine période post-Dutroux, cet épisode accélérant son coming out).
Doté d'une intelligence supérieure, d'une précision confinant à la méticulosité, il est parvenu à impulser au sein du PS un vrai discours de gauche, à la fois défenseur des plus modestes, responsable dans la conduite de la gestion publique et résolument moderne sur les questions de société (il est à la base des avancées éthiques en Belgique en mettant en avant ces questions dans le programme du parti).
Apparaissant souvent sous contrôle, il m'a été difficile d'appréhender sa personnalité intrinsèque même après l'avoir rencontré à quelques reprises dans un contexte plus informel. C'est lors de cette campagne et ses soubresauts difficiles que j'ai vu émerger en lui une sensibilité plus clairement affichée, une morale indéfectible (il refuse les coups bas au contraire du président du MR) et un profond respect pour les individus. C'est avec un personnage comme lui que je demeure persuadé que
 le socialisme demeure la meilleure réponse politique, un parti populaire, moderne et ancré sur des valeurs de solidarité et de mieux vivre ensemble. 

Je vois autour de moi une désaffection pour le politique, une absence de vision globale de société qui traduit un repli sur ses propres intérêts et/ou un vote automatique en faveur du parti correspondant à la classe à laquelle on appartient (je pourrais parler d'individualisme sur le plan de la vision politique même si ce terme n'est pas un gros mot pour moi, persuadé que le respect de sa propre intériorité est primordial sur le plan comportemental). La gifle du week-end dernier constitue dès lors pour mois une blessure envers une vision politique de respect des plus fragiles, des minoritaires.

Pour me ragaillardir, j'ai écouté le discours d'Elio aux militants dimanche soir (voir le lien ci-dessous), qui illustre que la politique si souvent décriée, cette commedia dell’arte, reste une aventure humaine totale avec certes, dans sa vision sombre, ses coups bas, ses luttes de pouvoir internes mais aussi un lieu de rencontres, une source d'émotion, encore plus touchante au soir d'une défaite. Et cette vision romantique soudain dévoilée me donne envie (à mon niveau de simple sympathisant engagé) de continuer à me battre autour de moi pour éveiller quelques consciences.

http://www.ps.be/Source/Galleries.aspx?MenID=3094&EntID=1&Type=1&GalID=119&GItID=629

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Commentaires
M
Bonjour,<br /> <br /> C'est avec une réelle émotion que j'ai lu cet hommage à un homme pour qui j'ai beaucoup d'estime, tant sur le plan politique que sur le plan humain.<br /> <br /> Amicalement,<br /> Monique
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