Humeurs post-Prague (part 2)
Vers Prague, il a fallu tout d’abord
se décider à partir. Et de choix il en fut question, ne fut-ce qu’un instant
et malgré les réservations, avec cette
douleur à l’aine qui me tenailla dès le matin du départ, me faisant craindre
une appendicite - tout en subodorant une nouvelle manifestation physique des
méfaits de la nervosité accumulée ces derniers jours.
Nous débarquons à samedi midi dans
une ville ensoleillée. Dans l’hôtel 5 étoiles que nous nous sommes
gracieusement offerts pendant deux nuits, nous bénéficions d’une chambre
familiale double et d’un bain à bulles qui se révélera salvateur pour soulager
les douleurs musculaires nées d’efforts de marche dont je suis ordinairement
peu coutumier.
Situé idéalement dans la jonction
entre la nouvelle et la vieille ville, en contrebas du Champs-Elysées
local, l’établissement nous ouvre diverses destinations à portée de main :
la déambulation tranquille dans les charmantes ruelles du Prague ancien ou le
repos tranquille dans le joli parc
vallonné Riegrovy sady. Sans programme précis, c’est le temps lumineux qui nous
guide vers ces options, nous éloignant par corollaire de l’intérieur de musées
ou monuments.
Le
soir, nous décidons de prendre le pouls de la vie nocturne sur place. Nous nous
dirigeons tout
d'abord vers le Termix. Dans ce bar-boîte pas très grand, je réalise que
la culture gay semble bel et bien universelle, une musique dance
commerciale alternant avec des extraits musicaux des DVD de Kylie ou Madonna.
Chose fort étrange dans cet endroit, les toilettes se prolongent par une
dark-room, assez peu prévisible. On ne s’y presse pas, la drague semblant
s’accomplir d’abord à l'extérieur. Cette présence se justifie-t-elle dans une
copie du modèle occidental ou s’agit-il du seul lieu de consommation charnelle
pour les jeunes praguois vivant chez des parents peu ouverts sur la sexualité
de leur fils ?
Nous nous rendons ensuite au Valentino, un club spacieux,
disposant de deux salles ainsi qu’un bar à front de rue et pourtant pas cher
puisque l’entrée y est gratuite et le prix des consommations tout-à-fait
modique. Une population jeune et assez délurée s’y concentre dans une ambiance
sympathique. La dimension sexuelle constatée ailleurs se confirme : les
pisspots dans les toilettes disposent d'un miroir situé à une hauteur ne
mettant en exergue que la partie du corps dénudée pour l’occasion. A la fois
drôle, tentant…et perturbant pour qui veut pisser vraiment (L. adore et je
reconnais un caractère bien amusant à cette disposition). Un jeu qui pourrait
rester frustrant sans une dark-room où n'attendent pas toujours les garçons les
plus sexy mais, encore une fois, il n'en suffit que d'un. Le nôtre, ma foi fort
jeune et d’origine rom sans doute, traduira dans son comportement un sens aigu
du respect (et l’inexpérience probable du peuple tchèque quant aux
trios ?) lorsque, proches l’un de l’autre, il me demandera si L., situé
quelques mètres plus loin, est bel et bien mon boyfriend, confiant ensuite son désir de ne pas créer
de tension au sein du couple. Dans un contexte plus calme et détendu que la
dernière fois en pareil endroit, j’y retrouve de pleines sensations et oublie
les désagréments récents. De quoi clôturer une soirée étonnante car inattendue
devant la diversité et la qualité des endroits offerts et la spontanéité des
praguois.
Nous
consacrons le lendemain essentiellement au repos, allongés sur la pelouse du
parc, constatant alors avec plus d'acuité l’occidentalisation résolue des
jeunes praguois(es). Cela fait maintenant près de 20 ans que la chute du communisme
est consommée, à l’époque dans une Tchécoslovaquie déjà moins stricte que
d'autres régimes et que les ado ou jeunes adultes n’ont donc jamais connue.
Souriants, contrairement à leur réputation slave, ils m’apparaissent aussi
franchement séduisants, autant d’ailleurs les garçons que les filles, fines et
élancées comme si la minceur était un gêne national (Sarkozy l'importera-t-il?).
Le
soir, avant de retourner nous coucher, nous cherchons à prendre un dernier
verre. Olivier m’invite à nous rendre dans un bar apparemment connu pour être
un nid à escorts (ah oui, bien entendu, Prague et ses Bel Ami). Nous
arrivons dans un espace assez vide où, mis à part deux à trois hommes aux
cheveux blancs, se retrouvent quelques jeunes au milieu d’une piste de danse.
Les mêmes garçons qui se succèdent pour des spectacles avant d’être
éventuellement loués pour qui le souhaite, à des prix de 300 à 500 EUR la nuit.
Je me sens mal à l’aise dans cet endroit, comme si j’endossais un rôle de
pervers. Je ne condamne pas ces riches hommes libidineux (je ne sais quelle
attitude je pourrais adopter à leur âge même si je suis conscient que mon
sentimentalisme souffrirait sans doute de l’intérêt exclusivement pécuniaire de
ce type de contact), ni même ces jeunes hommes de 18 à 23 ans maximum dixit la
direction dans sa brochure (je ne pourrais simplement pas livrer mon corps sans
porter ensuite la trace de ce passage, ce que réalise ces garçons sans état
d’âme, conservant ailleurs leur vie d’hétéro pour la plupart d’entre eux).
Après une pause pipi, je constate qu’un garçon s’est placé à côté de L. Je
l’avertis que s’asseoir, c’est risquer de devoir déjà payer. Il est temps de
rentrer se coucher.
Le
reste du séjour se déroule harmonieusement, sous une chaleur croissante. Lundi,
nous traversons le fameux Pont Charles pour découvrir les hauteurs et le
célèbre château surplombant la ville avant de profiter du soleil en terrasse le
long de la rivière réverbérant sa luminosité chatoyante.
Le lendemain, alors que L. dispense un séminaire (objectif initial du déplacement
dans la capitale tchèque), je couronne ce city-trip réussi par un peu de
shopping, moins dans les magasins de marque (aussi chers que dans nos pays) que
dans l’une ou l’autre enseigne slave réservant de temps à autre une opportunité
à saisir.
Prague,
une ville résolument à découvrir, susceptible de plaire à tous de par la
diversité de son offre (me voilà reconverti en commercial pour agence de
voyage !).
Pas
toujours inspiré, j’ai pris ça et là quelques photos disponibles dans
l’album-photo ci-joint (diaporama musical disponible).