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Mo's blog
19 avril 2007

Humeurs pré-Prague (part 1)

C’est toujours comme ça. On se hasarde à revendiquer une réussite et le contraire se produit aussitôt, comme si les lois de la modestie veillaient au châtiment rapide du fautif. Le péché commis n’était pourtant pas bien lourd, j’avais tout au plus affirmé mener une vie équilibrée. Je n’avais pas menti mais certains forces du passé se font un plaisir de resurgir au moment où on oublie même leur souvenir, s’infiltrant d’abord en douceur dans les arcanes de la pensée avant de tisser leur toile et d’apparaître en surface.

Lors de cette soirée bruxelloise renommée, j’étais venu chercher, dimanche passé, l’enivrement dans de furtifs passages en dark-room. Malgré quelques épisodes passés malheureux, j’aime y respirer cette atmosphère animale où les sens imposent leur primauté au détriment de toute convenance sociale. Tout semble possible dans cet espace où l’excitation tutoie volontiers la crainte. Un ami ne nous a-t-il pas révélé y avoir été violé l’année dernière ? Avant de faire aujourd’hui son retour. Attraction fatale.

Je ne débarque pas pour autant dans une succession de corps attractifs. Je peine même à en dénicher un à mon goût. J’ai pu observer récemment combien certains garçons jeunes et sexy s’abandonnaient aux bras d’hommes qui l’étaient bien moins (j’utiliserais parfois même le terme repoussant pour ma part). Mon explication hésite entre une notable différence quant au goût ou l’hypothèse d’une satisfaction, dans leur cas, beaucoup plus facile quant au physique (en simple reflet de la misère sexuelle touchant même cette catégorie de personnes ?). Je reste de mon côté sans doute influencé par l’idée d’un sexe sale, héritée de mon éducation puritaine. Je mesure aussi qu’à l’instar d’un ami, l’amant révèle une image de nous-même. Prisonnier quelque part de la mienne, je sais également que je dois me respecter en répondant moins à des besoins qu’à des désirs à la hauteur de mes ambitions.

Dans la foule se pressant dans ces couloirs glauques et étouffants, il n’en suffit parfois que d’un. Plus déterminé sur le fonds mais plus timide sur la forme, L. me laisse prendre les rennes d’une initiative auprès d’un grand mec mignon dont le profil sur internet faisait état d’attributs avantageux (qui n’y reste pas insensible ?).

Installé contre un mur, il se fait vaguement tripoter par une de ses connaissances qu’il repousse mollement. Ce manque d’abnégation dans le rejet limitant mes chances d’échec, je m’approche de lui et place rapidement ma main dans son entrejambe tout en cherchant à attirer son regard dans la semi-pénombre. Le contact visuel établi, il y répond en glissant ses doigts le long de mon torse avant d’atteindre les boutons de mon pantalon tandis que les miens enserrent sa queue large et désormais bien dure. Il approche ensuite sa tête de la mienne et cherche à m’embrasser. Je prends plaisir à ce contact désormais plus intime, exclusivement choisi, auquel L. va bientôt participer plus activement. Je suis cependant distrait par des mains étrangères qui n’arrêtent pas de se porter sur moi, que j’évacue tant et plus avant de ne repousser que celles dépassant les limites de l’acceptable. Je sais qu’une fois engagé dans ce genre d’endroit, il n’est pas possible d’emmener l’élu ailleurs, je dois me contenter de cette situation agréable, excitante mais aussi dérangeante par ce partage d’intimité parfois non souhaité. Je bande mais mollement même lorsqu’il cherche à me sucer dans une descente en apnée courageuse dans cet espace surchauffé et peu aéré.
Peu importe que nous jouissions sans lui, désemparé par la perte de son téléphone dérobé par des mains baladeuses bien peu scrupuleuses, j’accepte difficilement cette incapacité à pouvoir rester pleinement opérationnel. La puissance dégagée par ce jeu sexuel en est atténuée, ma virilité ébranlée, la perfection que je cherche à incarner aux yeux des autres -et donc surtout des miens - écornée. Les heures passent, l’esprit tente de se détacher de ce sentiment, sans succès réel. Cette faille en ouvre-t-elle subrepticement inconsciemment une autre ?

Mardi soir, je tombe malade. Une angine que la fatigue peut expliquer. Je pourrais me réjouir de cette pause qui m’éloigne du travail où ma motivation a connu de meilleurs jours. Avec les 3 jours de maladie octroyés, je bénéficie même d’une semaine entière puisque nous partons ensuite, L et moi, 4 jours à Prague.
La confiance mise à mal quelques jours plus tôt a toutefois créé une brèche.
Au fur et à mesure que la température extérieure augmente, croît le degré de culpabilité liée à mon absence au travail et ce scénario presque idéal qui peut paraître louche aux yeux de mes collègues.
J’envisage de folles conséquences quant à la situation actuelle que l’on jugera forcément préméditée: elle pourrait peser sur l’appréciation de mon travail et me conduire, qui sait, un jour au licenciement. Au bout des choses s’impose cette peur de me retrouver sans travail (avec la perte de certains acquis), de ne pas rebondir, si ce n’est peut-être dans un emploi sous-payé et exigeant, empiétant sur mes libertés.
La machine s’est emballée, sous l’influence d’un inconscient issu de l’histoire familiale paternelle.

Vendredi, veille du départ, nous devons nous rendre à l’anniversaire d’une amie. Je me fais violence pour m’y rendre jusqu’au moment où L, répondant à une de mes remarques, m’assène que je n’ai rien fait pendant trois jours. Je lui avais parlé de cette culpabilité et il s’est permis d’en jouer. Je ne l’accompagnerai pas ce soir. Mon isolement sera ma punition pour soulager mon crime. A la déception, voire la colère de L. qui ne voit pas que les réflexes du passé moins présents aujourd’hui subsistent encore parfois.

Je voudrais presque annuler ce voyage que je crains de ne pas pouvoir apprécier. N’ai-je pas entendu différents sons de cloche que je pourrais qualifier d’inquiétants sur Prague? C’est une ville culturelle (cela signifie-t-il ennuyeuse en tant que non-initié à l'histoire de l'art?) où les gens sont froids, pas très beaux (enfin surtout les filles dixit un hétéro); on s’y ennuie à mourir le soir (dixit un gay) ; les bars sont remplis d’escorts, toucher c’est payer (dixit un autre). Tout est déjà réservé, il va falloir juger sur place.

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Commentaires
C
en tout cas y'a beaucoup de beaux gars là bas...
M
Prague et les sons de cloches. Tu ne vas pas être déçu par le nombre de clochers, quant aux opinions des "dixit" je rapproche ça des discours éclairés ou non sur les candidats. Demain on verra. On paie toujours pour voir le dessous des cartes.
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