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Mo's blog
1 janvier 2007

Rideau 2006

L’année 2006 aura débuté tout en polémique, avec la diffusion française des caricatures de Mahomet. Un débat qui interroge la liberté de pensée et de la presse face au regain du pouvoir religieux dans le champ politique et moral.

Une liberté d’expression qui passe toujours par l’art (quoiqu’en pense tel directeur de théâtre allemand déprogrammant un spectacle trop sensible sur le plan religieux ou quelque juge bordelais dans un procès à venir de l’art contemporain et son foisonnement créatif ), dont les formes les plus populaires demeurent toujours le cinéma (mention spéciale à Wassup Rockers de Larry Clark cette année ) et surtout la musique (coup de coeur à Holden au hasard et en écoute), qui aura confirmé en 2006 sa place de choix dans l’audimat télévisuel.

Il en aura émergé cette année l’ovni Christophe à la Nouvelle Star. Avec la victoire de Cyril quelques mois plus tard à la Star Ac’, il semble que le moyen de vaincre les candidates féminines (qui trustaient jusqu’alors les prix dans ces concours soumis au vote du public) réside dans un modèle particulier de garçons : sensibles, à la féminité revendiquée tant dans la voix que l’expression. Le public a dépassé l’apparence, le côté people qui tend à réduire quelqu’un à son image et une forme d’identité sexuelle pour apprécier une personnalité indifféremment de tout genre. On a l’impression par ailleurs que leur victoire intervient avant l’accomplissement de leur développement sexuel et affectif, un domaine dans lequel ils paraissent encore en recherche (et si c’était cette indétermination qui les rendait si spécifique dans la fragilité de leur émotion ?). On pense inévitablement au George Michaël asexué de ses débuts dans Wham. De là à dire qu’ils railleront en chanson dans dix ans leurs démêlés suite à une incartade dans les toilettes du Queen…

Les stars gays confirmées ont par ailleurs connu une année bien difficile. George Michaël qui n’en finit plus de se retrouver ivre au volant de son véhicule et, une fois sur le bas-côté, est pris sur le vif en compagnie d’un pauvre petit vieux qui n’a toujours pas compris ce qui lui était arrivé.  Boy George, peu à son avantage dans la tenue de balayeur de rue pour honorer ses travaux d’intérêt général. Quant à Pascal Sevran et Steevy, ils sont toujours égaux à eux-mêmes…

Pour le commun des mortels homosexuels, l’année 2006 s’est révélée mitigée : l’adoption homoparentale est désormais autorisée légalement en Belgique et l’Angleterre a ouvert la voie aux union civiles alors que, dans une démarche opposée, certains états américains ont interdit formellement le mariage entre personnes de même sexe dans leur constitution et le Vatican critique tout azimut tout projet visant à normaliser la place du gay dans la société au nom de l’égalité.
Ca et là, les agressions et discriminations persistent. Elles touchent parfois les mouvements de foule, comme dans ces stades de foot, où l’homophobie côtoie le racisme, la xénophobie ordinaire. Le drame est survenu en fin d’année 2006 avec la mort d’un supporteur haineux (au bout du compte, elle est tombée du bon côté, aussi affreux que ces propos puissent paraître).

Sur le terrain même, l’énorme déception réside dans l’échec de mon équipe favorite dans la course au titre de champion alors qu’elle avait toutes les cartes en main cette fois. Une faute partagée mais un coupable tout désigné : l’entraîneur, par ailleurs frère du patron du club, aux épaules trop frêles pour ce rôle. Le courroux des supporters longtemps ignoré a trouvé son apogée dans le jet d’une motte de terre à la figure de l’intéressé lors du défilé clôturant la saison. Un geste qui l’a incité à démissionner peu après. La fin justifie parfois les moyens.

De la terre, six pieds dessous, autour du cercueil de Philippe Noiret dont le timbre de voix résonnera à tout jamais dans l’inconscient collectif d’au moins trois générations. Quelques heures après son décès, Jean Rochefort se fendait d’un dernier souvenir émouvant partagé avec son vieil ami (http://www.rfi.fr/francais/languefr/questionnaires/083/questionnaire_155.asp) et France 3 rediffusait, en hommage, une interview actor studio. Par un désolant hasard, elle était menée par l’élégant Bernard Rapp, décédé plus tôt dans l’année, de manière infiniment plus discrète. Ce récent dialogue, bon enfant et rétrospectivement complètement émouvant, ressemblait à une discussion en direct de l’au-delà.
Une réunion à laquelle aurait pu participer le truculent Raymond Devos. « Je crois à l'immortalité et pourtant je crains bien de mourir avant de la connaître ». Sa crainte était fondée (quoique certains artistes ne meurent jamais grâce à leurs oeuvres).

De nombreuses personnes ont dû imaginer qu’ils rejoindraient là-haut (ou en bas, qui sait ?) la jeune Natacha Kampusch avant qu’elle ne réapparaisse miraculeusement 8 ans après sa disparition, échappant aux mailles du filet tendu par son ravisseur. L’épilogue d’une histoire vécu comme une revanche sur toutes ces disparitions d’enfants non élucidées et le mystère insoutenable de leur destin brisé. Au delà de l’apparition de cette jolie jeune fille sur les écrans (sans grand intérêt en soi), j’ai imaginé le formidable outil d’étude psychologique que son cas doit représenter.

Une enquête du même style s’impose pour tenter de comprendre les abominables éructations d’un Eric Zemmour qui condense tout un discours ultra-droitier insupportable le samedi soir sur France 2 dans la nouvelle émission de Ruquier (qui remplace l’omnipotent Thierry Ardisson dont l’idéologie et la fantasmagorie rampante de ses émissions ont été mises en lumière de manière posthume dans un excellent ouvrage - La face visible de l'homme en noir).
Face à l’infamie de certains propos, j’ai apprécié la réaction de Christine Angot dont l’indignation s’est manifestée par des cris, des vociférations exprimant toute sa rage d’entendre de telles idées trop souvent banalisées.

Un coup de gueule salutaire qui en appelle d’autres, qu’il s’agisse de cas de racisme (G. Frêche), d’homophobie (Vanneste), d’antisémitisme (le forum iranien questionnant l’holocauste), de violence contre toute contestation d’un pouvoir anti-démocratique (les meurtres par balles ou au polonium de critiques du "pouvoir" russe, au sens large du terme). Partout, la vigilance est de mise, le combat n’est jamais terminé.

Un mot "fin" qui ne peut encore être associé à la Belgique malgré une émission-canular mimant sa mort à partir d’une hypothèse de déclaration de sécession de la Flandre. Une audace inédite (et contestée) de la part du service public quant à la forme. Une opération coup de poing pour un vœu de prise de conscience, réaliste, des enjeux communautaires des prochaines élections législatives de 2007. Bien plus qu’une séparation unilatérale du pays, la crainte objective réside dans son démembrement par la mise en place d’un confédéralisme d’état, vidé de toute sa substance de nation, dans la mesure où toute forme de solidarité interpersonnelle (sécurité sociale,..) aurait disparu.
La revanche historique (ressentie par certains flamands) n'est jamais bonne conseillère (et la pendaison de Saddam Hussein, qui clôt l'année, dégage un goût de violence tout-à-fait insupportable).

Quant au repli sur soi, il s'érige comme une menace guettant la société humaine toute entière.
A cela, je préfère toujours le repli sur l’autre. Ah, l’amour! En 2007, encore et toujours...

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Commentaires
M
nulle ... tu auras rectifié je pense
P
Le bilan 2006 ressemblera t il à celui que l'on fera en 2007? aurons nous progressé dans le champs de la tolérance? je n'y crois pas vraiment....
M
Le repli ou le redéploiement sur l'Autre ? un bilan de l'année 2006 nul part ailleurs et un hommage aux artistes pour effacer le dégoût du reste.
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