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Mo's blog
11 juillet 2006

Vacances en France (2)

Malgré les écueils déjà rencontrés, l'expérience entreprise au cours de ces vacances, ce réinvestissement partiel des territoires du passé, devait être menée à son terme. 

Avant notre départ vers St-Pierre-La–Mer (pas loin de Narbonne) pour rejoindre mes parents, je m'imposai un détour par Paradou (http://morrissey.canalblog.com/archives/2006/04/20/1736375.html). J'avais parcouru le trajet intérieurement à maintes reprises ces dernières semaines. L’insondable trace du temps n’avait pas altéré dans ma mémoire les lacets, les lignes droites, les carrefours parsemant le parcours. Cette visualisation quasi parfaite gâcha sans doute quelque peu l’effet de surprise au moment de la visite effective. A l'exception de l'un ou l'autre détail oublié (à l'importance toute personnelle), chaque monument, commerce ou particularisme local semblait avoir sagement attendu mon retour : la piscine en plein air, la place de Maussane (égayée en cette fin d'après-midi par la présence d'un chanteur au demeurant médiocre) et surtout la route d'à peine 500 mètres constituant le centre de Paradou. Mais pouvait-il en être autrement dans ces modestes villages, en l’espace de 14 ans?

Sur place, je me contentai de quelques photos sans susciter la moindre réaction aux alentours. Les volets fermés, le village affichait un calme absolu. Le souvenir d'un silence lourd ne s'assimilait manifestement pas à une relecture sur le tard de mes tourments adolescents mais bien à une réalité impitoyable face à laquelle la photographie mentale jusque là conservée ne réservait pas de différences notoires. Je quittai les lieux assez rapidement, heureux de ce court instant de recueillement sur les vestiges de mon enfance (un séjour plus long aurait sans doute laminé mon moral) mais aussi quelque peu étonné du relatif manque d'intensité de cet événement -l'absence d’incarnation humaine à cette visite avait manifesté écorné l’émotion de ces retrouvailles.

Si les vacances familiales à St-Pierre-la-Mer se déroulèrent postérieurement à celles de Paradou, leur brièveté comparative ne parvint pas à fixer d’images géographiques précises en moi. Je retrouvai avec difficulté la maison de villégiature de mes parents.
Pour conjurer l’impression de tranquillité - presque morbide en ce début de vacances - de cette station balnéaire populaire visiblement délaissée par les adolescents et jeunes adultes, nous renonçâmes, L. et moi, à rejoindre la plage la plus proche pour privilégier celle plus sauvage et naturiste, renseignée par un internaute du cru comme lieu de rencontre gay. Si la présence homo se réduisit à son strict minimum (une huitaine de personnes constitue peut-être un nombre significatif pour l'endroit), nous profitâmes de la large étendue quasi désertique pour tenter l'aventure naturiste (que je ne pourrais reproduire ailleurs, pudeur et sensation d'excitation obligent).
Nous ralliâmes également un soir Montpellier pour découvrir le club électro à la mode "la Villa Rouge" (qui bien qu'étant répertoriée comme gay réunissait près de 90% d’hétéros très jeunes) et rencontrer un jeune mec fort mignon et tout aussi sympa qui n’allait pas tarder à se transformer en plan cul. Cet aboutissement tardif aurait dû couronner le séjour - marqué dans mon chef par une forte tension sexuelle exhalant des désirs sans cesse renouvelés- mais la saveur de ce contact ne répondit pas vraiment à mes fantasmes estivaux, les conditions de réalisation se révélant loin d’être optimales. De quoi me rappeler le souvenir de notre récent amant espagnol et du standard qualitatif qu'il doit représenter à l'avenir.

Dans un mouvement de balancier régulier entre up et down, les vacances devaient logiquement se terminer sur une fausse note à l’occasion de notre retour à Cabrières. Un conflit opposa Oli, sa famille et moi-même quant à l'option de l'activité du samedi (j'attendais de L. que nous passions la journée ensemble, en parfaite indépendance, comme chez mes parents mais suite à une remarque formulée par son paternel, il préféra l’accompagner dans l’un de ces endroits locaux peu à ma convenance, me laissant découvrir seul les rencontres photographiques en Arles).

Barbara affirmait dans l’une de ses chansons qu'il ne faut jamais revenir sur les lieux de son enfance. N'en ai-je pas fait l'amère constatation dans cette Provence étouffante ? Ne devrais-je pas tourner la page de ce temps révolu pour me concentrer sur un autre, qui m’appartient toujours: le présent, celui que je mène depuis des années et qui reste encore à explorer? Cette persévérance à jeter un regard dans le rétroviseur, à remuer, voire enrober ces souvenirs ne relèverait-elle pas d'une tentative vaine ?
D’un autre côté, nous évoluons en permanence avec notre passé, nous en conservons les stigmates. En l'abordant de plein fouet, en cherchant ainsi à nous décomplexer de  notre histoire antérieure, nous nous efforçons à démythifier notre ligne du temps. Apprivoiser nos souvenirs, joies ou souffrances enfouies ou encore à vif, pour établir un dialogue indirect avec celles à venir. Apaiser notre perception du passé pour adoucir par ricochet la nature de notre rapport au futur.
La route à suivre est longue, incertaine et ne nous préserve pas du cul-de-sac éventuel. Peut-être sans le moindre apport sur le fonds, elle actionne au minimum un réflexe d’écriture. Trace incontestable de contemporanéité…

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Commentaires
S
Je ne suis pas bien loquace, tout assommé de boulot que je suis, mais je garde un oeil discret.<br /> Je viens de voir des photos.<br /> Vous êtes jolis (dans le BON sens du terme, qui inclut une perception inexplicable bien sûr) c'en est désespérant :o)<br /> Bonnes vacances :o)
M
Revenir trente ans après en des lieux qui ont plu c'est le difficile pélerinage sollicité et qui déçoit immanquablement. Le souvenir est figé, les sites se transforment complètement, le présent est déjà passé. Bonne rentrée en ce début d'été.
L
je passe juste un tit coup sur ton blog, <br /> si ta le temps va voir le mien, il est pas très passionant mais bon, si ta envie de lire les pensées d'une sucidaire amoureuse en détresse,lol<br /> http://mypoorlife.canalblog.com
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