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Mo's blog
21 juin 2006

Au crépuscule d'une histoire

L’allure nonchalante, je marche tranquillement dans la rue en direction de la maison que L. est déjà sur le point de rejoindre. Le silence, tout relatif en ville, produit une quiétude souveraine au milieu de cette nuit sans nuage. La douceur ambiante inhabituelle ranime le souvenir de longues soirées de sortie estivales et les retours au petit matin. Fatigué, je m’abandonne à des pas mécaniques. Dans moins de cent mètres, je plongerai dans mon lit.

Une voix m’interpelle soudain. Gilles, Gilles. Je reconnais immédiatement cette tonalité, cet accent espagnol si caractéristique dans son incapacité à reproduire certains sons. Julio n’est pourtant plus là, il nous a quitté plus tôt dans la journée et repart après-demain vers son pays natal. Toujours présent en mémoire, notre au-revoir a scellé une distance physique incompressible. Les appels se multiplient pourtant à l’infini, scandant toujours mon prénom. Gilles. Gilles. Gilles. Serait-il revenu pour moi, ignorant ses plus proches amis?

Je finis par me retourner mais nulle trace de la moindre silhouette près de la grille du supermarché. Transmission de pensée ou délire de ma mémoire, de mon imaginaire, de mes espoirs? Je déteste les départs. Quel motif aurait donc pu justifier sa présence? Quelle folie l'aurait poussé à se tapir dans l'ombre, guettant mon retour, après avoir partagé ensemble à peine trois dizaines d'heures agrémentée de l'une ou l'autre étreinte? Divaguerais-je sous l'emprise d'une mégalomanie de l'égo ou s’agirait-il d'un simple sentimentalisme exacerbé? L'intensité de la charge affective conditionne les scénarios les plus extravagants. Une fulgurance de l’esprit me l’a juste intimé. Je veux croire, j'ai voulu croire en la singularité, en la démesure de nos échanges.

Tout cela n’a plus de sens et n’en a d'ailleurs jamais eu. Notre histoire est terminée et n’a jamais réellement existé. Les discussions franches, les rires fracassants, les caresses délicates n’ont pas balisé une essence à nos rapports. Le temps nous a manqué pour les structurer, les stabiliser. Délestée de sa substantifique moelle, notre relation est désormais confiée à notre subjectivité, laissant ainsi libre cours aux songes. Un murmure de prénom dans une rue déserte...

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Commentaires
A
Etrange post, triste, déterminé.
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