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Mo's blog
9 mai 2006

Petite mort (2)

Entendre cette révélation de vive voix par téléphone, la souffrance dans ces mots, ces pleurs m'a complètement anéanti ce lundi. http://morrissey.canalblog.com/archives/2006/05/08/1840209.html Pourtant, je le pressentais depuis que j’avais lu cette phrase énigmatique sur mon PC dimanche soir. Ma phobie sur la question me prédisposait forcément à penser Hiv. Mon intuition flirtait sérieusement avec la conviction.

J'ai pris cette information en pleine figure comme si on m'avait communiqué mes résultats après un test. Bien que cela ne me concernait pas directement (notre contact sexuel remontait avant mon test le plus récent et il peut en outre donner une origine précise à sa contamination), le scénario-catastrophe tant ruminé durant quelques épisodes sensibles sortait soudain de son habit tranquille de mauvais rêve pour se confronter à une réalité implacable. Un sentiment d'insécurité extrême a envahi tout mon être. J'ai repensé à toutes nos histoires depuis mon dernier test et leurs risques potentiels (il existe toujours même s'ils sont dits minimes). J'ai surtout pensé à lui, à ce destin qui ne semble pas vouloir lui octroyer de répit. Même dans la maladie (ou son acceptation), nous ne sommes pas tous égaux.
Je n’ai pas envie de raconter une histoire bien léchée qui se termine mal mais j’ai besoin d'aligner quelques mots pour apaiser peut-être une certaine colère.

Ses premiers pas dans la vie, ils les expérimente au sein d'une famille populaire, en province. Une mère alcoolique, un père rustre. Il ne veut pas prendre le pli d'une existence où chaque soir on se morfond un peu plus dans le canapé de la maison familiale. Il sera un self-made-man. Il assumera seul ses désirs envers les mecs. Il vit très jeune une relation de longue durée et une fois celle-ci arrivée en bout de course, il décide de tenter sa chance dans la capitale. Sortir de la torpeur locale pour découvrir une vie plus flamboyante, plus en relation avec son caractère. Il espère y décrocher plus facilement un travail. Sans qualification spécifique, il doit cependant rapidement déchanter. Il ne peut encore revenir en arrière, il improvise. Il passe un moment à dormir dans une voiture, à voler des autoradios. Nous le connaissons alors déjà et ce n'est que quelques mois plus tard qu'il nous l'avouera. Plus tard, çàd après avoir rencontré quelqu’un. 40 ans mais toujours svelte, séduisant mais surtout brillant. Parisien, diplômé de Grandes Ecoles, travaillant dans l’administration puis pour l’Europe. Avec lui, il découvre la luxure à Paris, à Bruxelles. Il me rapporte un jour avoir participé à une soirée romaine privée avec le gratin parisien, qui se termine en partouze. Il n’y prend pas part mais se laisse vite embarquer dans un mode de vie qu’il a expérimenté de temps à autre. Sorties, drogues, alcool. Et sexe. Entre eux. Souvent. Dix, quinze fois sur le week-end. Et puis très vite avec d’autres. Du jeu sans doute un peu violent. Un jour, ils baisent avec un mec. Manque de précaution, accident ? Du sexe hard certainement. Ils retrouveront du sang séché sur le drap de lit et contracteront quelques jours plus tard une chlamédya. Une alerte sans plus à leurs yeux. C’est trois mois plus tard, par prudence que le test se révélera assassin.

En quelques heures, c'est un monde qui s'effondre. Quiconque le serait à moins. Pas sûr… Son copain dont les chances d'être contaminé sont désormais aussi crédibles que les résultat de son propre test accepte plutôt bien le verdict. Le soir même, il vient se frotter sensuellement à la demande de nouveaux jeux sexuels. Comme si rien ne s'était passé. Soudain l’appréciation de la nature de la relation se modifie sous forme d’un constat cinglant. Il assume ses actes mais au fonds il a été emmené dans un style de vie dont il n'était pas en mesure d'assumer les conséquences au contraire de son copain plus âgé, à la nature sans doute plus perverse.

Imaginer un avenir, alors qu’il est en suspens : la maladie, la relation ou simplement un toit. Et de mon côté ne pas pouvoir en faire davantage que ce que je ne suis en mesure de supporter.

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Commentaires
A
Je découvre ton site avec surprise.<br /> Une façon triviale de faire connaitre le mien:<br /> <br /> "Nos boissons puent et le ciel coule de gris grassement<br /> <br /> Le seul vrai rêve est de faire dégueuler son pot d'échappement dans l'air peu vicié des campagnes. Rouler infiniment en tentant de ne jamais regarder sur les côtés, derrière. Ensuite je verrai bien. Je suis fortement décontenancé par ma road expérience/intérieur/galère que je ne contrôle pas. C'est une non-road story bousillée par mon incapacité à planter le décor."<br /> <br /> La suite sur http://hirsute.hautetfort.com<br />
M
Aussi difficile à supporter et me fait penser à la roulette russe. Actions conscientes ? vraiment ? Tu ne peux prendre sur tes épaules toute la détresse du monde.
P
C'est terrible, je suis vraiment désolé de ce qui est arrivé à ton ami.
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