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Mo's blog
28 avril 2006

Un printemps suspendu

Printemps, saison du bonheur. Chacun retrouve goût aux ballades citadines, les garçons ont rangé vestes et gros pulls pour dévoiler leurs muscles saillants sous un T-shirt coloré, les filles retrouvent l'aplomb de se promener en jupe légère. Les désirs circulent dans une furia post-hivernale, les sentiments amoureux (ou leur impression) affleurent au premier émoi.

Au milieu du guet, j'écoute, lis, observe, m’amuse et reste à l'affût des opportunités sans encore participer vraiment à la valse des corps en partage.
Je me souviens d' histoires qui ont jailli lors du printemps mature: la violence des sentiments avec Nezz il y a deux ans (je me sens enfin en mesure d'en parler, très bientôt), les désagréments d'une dark-room infernale il y a un an.
Ces expériences me préservent aujourd’hui de me lancer à corps perdu auprès des tailles fines et aguicheuses mises en pâture par leur propriétaire, à me jeter bite en avant dans le cirque si tentant des bestiaux en rut.
Je n'éprouve même pas cette impression d'ultimatum m'incitant à mordre à pleines dents chaque expérience souhaitée et disponible - avant que la profondeur des rides ne rappelle cruellement la réduction progressive du champ des possibles.

En embuscade, je me contente d’une connexion on-line sur certain sites et d'une réponse sélective à certains messages. Je prends un peu de hauteur et vois défiler en contrebas des ombres empruntant la pente raide conduisant à une rencontre avant qu’elles ne se ravisent et dévalent à toute allure le chemin inverse pour s'en éloigner sans doute à tout jamais.

Il s'appelle Ben, étudiant en physique à Anvers. Forcément jeune et beau (en parlerais-je sinon?). J’avais repéré son profil il y a un an. Nous avions échangé quelques mots sans rien concrétiser. Je n’arrivais pas à cerner ses envies, devant son jeu de charme initié par quelques photos dévoilées, seulement suivi d’une curiosité quant à l'intérêt qu'elles pouvaient susciter. Quelques jours plus tard, il avait supprimé les photos de son torse nu. L'expérience avait vécu.
Aujourd’hui, elles ont réinvesti son profil. Je devine leur signification implicite, ce goût du jeu probable qu'elles engagent. Je ne me trompe pas, il a retrouvé l'audace de sa démarche séductrice sans perdre pour autant sa prudence de sioux.
Relativement disponible en ce dimanche après-midi, je m'amuse à le draguer. J’argumente les raisons qui le pousseraient à nous rejoindre, je tente de percer le ressort psychologique de ses attentes. S'il s'agit de l'attirer, ce sera moins par des images que par des mots susceptibles de l’impressionner. Obligé de poursuivre son étude et d’interrompre notre conversation, il amorce son retour spontanément à peine deux heures plus tard pour confirmer sa venue future, dans une ou deux semaines.
L'attente n'est jamais bonne conseillère. Le doute s'est sans doute installé à nouveau chez lui  au fur et à mesure que le désir s’est dégonflé tandis que j’ai perdu patience suite à ces longues discussions au charme rompu. J’ai également constaté dans nos échanges cette dimension affective le rapprochant de Nezz, qui m’attire et à la fois me repousse -  par mesure de prudence.
Tout cela prend un ton trop solennel, de moins en moins immédiat. Quand je commence à trop réfléchir, la fin de l’aventure est proche.
Quelques jours plus tard, il m’avoue être tombé amoureux par internet d'un mec localisé… en Gambie. Il a 20 ans, je l'avais aussi oublié…

Un profil de nature a priori fort similaire peut émaner d'une personnalité totalement différente. Si Ben était une thèse, Andy serait son anti-thèse. Les idées bien en place, il sait précisément ce qu’il recherche et ne s'embarrasse pas d'arrondir le sens des messages que lui dicte sa libido. Avec lui, les délais d’attente avant une rencontre ne se comptent ni en jours, ni en semaines mais bien en minutes. Cette « désintellectualisation » idéale de l’approche ne me détache pas toutefois pas d’une recherche de quelques informations à son propos. Je dois minimiser le risque lié à l’acte (et le sentiment éprouvé postérieurement) en choisissant des partenaires qui m'inspirent confiance.
Je me contente de questions très vagues, dont les réponses me guideront, du moins je l’espère. Je ne suis pas déçu.
Il m’annonce de but en blanc qu’il aimerait être « double-fucked ». Oui, c’est bien ça, « en même temps ». Cette représentation peut légitimement exciter l’œil extérieur plutôt voyeur, avide d’une imagerie de dépossession qu'une telle scène induit. Quant à en être l’acteur… J'apprends qu'il a déjà réalisé cette expérience à 3 reprises (à 20 ans? Waw).
Je suis curieux de connaître ses limites. Il poursuit. Il adorerait qu’on l’attache et utilise à notre guise sa bouche, son cul, sa bite.
Cette évocation du bondage me refroidit définitivement. Je pense - peut-être à tort - que les mecs pratiquant ce genre de pratiques ne trouveront pas leur compte dans un sexe plus soft tout comme je crains d’être entraîné dans un jeu que je ne maîtrise pas et qui ne me plaise pas ni sur le moment, ni surtout après.
De plus, si la lutte de pouvoir constitue un moteur de l’excitation sexuelle, connaître le programme à l’avance en affecte la portée. Je ne me retrouve pas le moins du monde dans  cette théâtralisation normée.

Je continue mon chemin - au tour du suivant ! - sans grande conviction. Si ce n'est celle, sournoise, d’une érosion de mon activité sur le marché sexuel. Non tant par les premiers effets de l'âge si redoutés mais bien par le trop plein d’intellectuel et son corollaire, le sentiment d’angoisse qui finit par absorber l'essentiel de mon énergie hormonale.

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Commentaires
M
N'ayant jamais envisagé cette possibilité, je ne me suis jamais posé la question.<br /> A vérifier tiens...
P
Latex contre latex, ça ne me paraît pas safe, la double pen'
M
Il est revenu le temps du muguet et des cerisiers en fleur ...
M
A chaque poisson son hameçon
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