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Mo's blog
29 décembre 2005

Noël : Acte 3

Depuis quelques jours, à l'approche des fêtes et de ses traditionnels présents, je me suis progressivement habitué à admettre cette vérité : cette année sera consacrée moins au bonheur de recevoir des cadeaux qu'à celui d’en donner. Point de subite révélation mystico-catho, juste une simple envie altruiste dans le prolongement de mon état d’esprit actuel. Le cadeau commun de mes parents que j’ai proposé plaira davantage à L. et celui venant de ma part à son attention sera plus conséquent qu’habituellement: je lui offre une bonne partie de nos vacances d’hiver au soleil.

Le jour J est arrivé. L. nous a rejoint ce dimanche. Je brûle d'impatience de lui offrir cette biographie de Nina Simone qui dissimule à l'intérieur le petit mot révélant la véritable nature du cadeau. J'ai voulu rester discret, seule ma mère est au courant mais sans y porter attention immédiatement, toute ma famille s’est réunie pour surveiller le déballage.

En découvrant la teneur de mon geste, L. semble gêné. Il se contente de me remercier du bout des lèvres. Tout au long de la soirée, il gardera ses distances. Le lendemain soir, il m'avouera son éternelle difficulté à pouvoir remercier avant d'avancer une explication plus judicieuse sur son comportement. Il lâche plusieurs mots. Je n’en retiens qu’un, le plus blessant : "humiliation". Je m'étais apprêté à partager sa joie, me voilà confronté à des raisonnements psychologiques que j'avais totalement occultés. Tout un pan de notre relation, de sa personnalité s'exprime dans ces murmures de désapprobation. 

Bien que la situation actuelle s'en écarte inéluctablement, il subsiste de manière implicite dans nos inconscients respectifs une représentation paternaliste de notre relation telle qu'elle a pu exister durant les premiers mois de notre union: dans sa tête, il occupe le rôle de celui qui transmet et je demeure celui qui reçoit.

Dans une forme de prolongement, il paraît vexé que ce soit moi (et non lui) qui lui offre le plus gros cadeau, plus particulièrement devant ma famille, moins « aisée » que la sienne. Anormal à son goût. Lui qui aime parader avec un brin de snobisme en semant ça et là dans les discussions quelques indices sur le luxe qui a accompagné (ou accompagne toujours) la vie de sa famille, se sent touché dans son égo.

Il pousse le bouchon (trop loin, Maurice !) jusqu'à affirmer qu'il préfèrerait ne pas partir en vacances que d'accepter ce cadeau qui l'oblige selon lui (dans un élan irréfléchi d'indépendance) à devenir redevable de quelque chose. Dans son esprit, j'ai indirectement voulu m’adjuger la main-mise sur notre relation de pouvoir, avec la perspective de négocier à ma convenance toute une série de conflits via ce biais monétaire.

Je me sens vexé et immensément déçu par sa réaction. Je me retrouve dans le peau de celui qui doit se justifier pour un geste de pure générosité. Je voudrais juste qu’il prenne ce cadeau pour ce qu’il est : un acte de foi dans notre couple, une preuve de solidarité qui s’exprime aujourd'hui dans un sens avant, qui sait, d'intervenir plus tard dans l'autre.

Devrais-me lui confier, par pure provocation, la visée finale de mon entreprise: la convoitise de son héritage familial, comme dans les meilleurs soaps? Une façon de nous remettre à niveau non pas dans l’altruisme mais bien par la vilenie des relations sociales intéressées.

Je me résous à prôner la patience. Il s'y fera. Seul le fonds subsistera au final même si la forme aura été gâchée.

Au diable toute résolution de l'année nouvelle nous concernant. Les mots imprévisible et conflictuel resteront arrimés à notre coque. Une barque qui tangue de temps à autre en eaux troubles mais qui dispose d’un gouvernail encore solide…

2006, here we come!

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Commentaires
M
La simplicité aussi s'apprend, recevoir sans être redevable, ne serait-ce que la vie préservée.
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