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Mo's blog
23 septembre 2005

Vacances infinies

Ibiza, paradis des vacanciers. L'île concentre en son sein les arguments intrinsèques d'une destination estivale enchanteresse : le soleil, les plages, son ambiance chaleureuse et décontractée.
Par dessus tout, elle incarne un monde en soi: la fête au sens absolu et quasi définitif du terme, la danse effrénée sous les rythmes endiablés de la house ou de l'électro/techno, la disparition de toute inhibition au profit d'une détente profonde au sein d'une atmosphère aux résidus post-hippies.
Un microcosme spécifique dont l'intégration ne se révèle pas automatique, à l'instar de mes deux séjours précédents sur l'île : trop de retenue, une hésitation à franchir des portes inconnues. Certes on ne recense aucune restriction (si ce n’est monétaire) à l'entrée des plages ou des boîtes - contrairement à certaines destinations chics - mais une certaine sélection implicite s'opère, fondée sur un état d'esprit: un sens de la légèreté et du défoulement, une auto-assurance quant à son physique devant le parterre de corps semi-dénudés attractifs, une coolitude affirmée.

Franchir le pas cette année. Au diable la fatigue du voyage qui a puisé une partie de mon énergie, la sensation de devoir plonger la tête la première dès notre arrivée prime sur toute autre considération. Discrètement, je m'immisce au sein de cette scène finalement assez abordable. Au fil des heures, des jours, le corps finit par se détacher de sa propre enveloppe pour vibrer aux sons des mix des meilleurs DJs. Le miracle du mythe ibizien n'apparaît plus telle une vulgaire carte postale télévisuelle mais se vit de l’intérieur de manière irrésistible.
Pris dans un tourbillon de beats harmonieux et de visages épanouis, je me mets à évoluer avec plus d'assise dans cet hyper-monde peuplé de filles et garçons plus beaux les uns que les autres, aux corps tannés parfaitement dessinés, à l'allure joyeuse et aux sourires authentiques.

Ibiza, miroir de la jeunesse éternelle. Sur les pistes ou sur les plages - où les cris d'enfant font figure d'exception, l'insouciance se respire à chaque déhanchement lascif. Le projet d'un foyer familial élargi (par le biais d'une adoption) se met à échouer aux portes d'un horizon devenu si lointain.
Soudain doté d’un relâchement tant espéré durant ma jeunesse, j’accède enfin à ce monde longtemps étranger. Je prends conscience de devenir aux yeux d’autrui un élément du décor à mon tour.
Dans ce tableau, les fantômes de l'amant idéal se faufilent jusqu'à l'hôtel où se mêlent quelques bombes sexuelles aux traits évoquant un Matt Dillon jeune ou un Justin Timberlake espagnols, sans parler de ce beau blond qui nous observe avec une attention insistante.
Cette "petite pute"– terme employé sur un ton volontiers provocateur et amusé - que tu envisages pour la fin de la soirée prend rapidement la forme d'un jeune mec aux déhanchements sexys et provocateurs qui se prolongeront sans grande difficulté ailleurs.
Ces espaces d'insouciance au sein desquels je me baignais seulement dans les marges par le passé, sont devenus le théâtre de mes journées. J'y consume mon énergie, rempli de cet espoir fou et sans cesse réactivé que la fête ne s'arrête jamais. Le temps qui s’écoule me renforce dans l'idée que chaque seconde j’intègre un peu davantage cette famille. Sur la pointe des pieds j'ai cogné une porte qui s'est entrouverte, je peux aujourd'hui m'en délecter à l'infini.

Mon corps, ce traître. Victime d’un traitement intensif auquel il n'est pas habitué, il finit par exprimer la transformation radicale, trop soudaine de mon quotidien.
J'étais venu humer l'air méditerranéen, m'emplir de sa chaleur avec une touche de sortie et de drague. L'esprit de la fête, de la danse, de la musique insolente a envahi mon existence dès mon arrivée, chamboulant tous les programmes (si tant est qu'il y en ait eu un).
Si la fatigue du corps a trouvé son point de chute une nouvelle fois (satanée gorge, dans son rôle préféré de fée carabosse), elle n'a pas encore intimé à mon esprit d'en faire autant. J'attends dans le désespoir l'amélioration qui me permettra de repartir de plus belle.
Elle arrivera bientôt, accompagnée du goût amer, du constat terrible que je n'épouserai jamais vraiment les contours de ce monde. Retombé sur terre, je dois me résoudre à admettre que les icônes fantasmagoriques se révèlent bel et bien hétéros, même cet allemand qui ne cherchait qu’une simple compagnie amicale (mais où va le monde si les hétéros se mettent à utiliser des codes gays ?).
Le miracle ibizien ne m'appartient pas encore, peut-être brisé par ma répugnance à déroger d'une ligne de conduite peu commune en cet endroit: l'abstinence en substances illicites.
L'expérience livre ses limites. Sans en enlever la satisfaction de l’avoir vécue , au point de vouloir la recommencer. L’année prochaine, cet horizon si lointain…

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Commentaires
M
Le ressenti ne s'est pas atténué ...
M
Quand je pense que j'aurais pu manquer tout ce que tu as écrit ! Tu n'imagines pas le plaisir que j'éprouve à te lire. Mamie
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