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Mo's blog
21 juillet 2005

L'enfer

Perdu dans des pensées de finitude, de désintérêt général, je cherche, cette semaine-là, les chansons susceptibles de former une compil personnelle sur mon PC. Je m’oriente vers des morceaux de mon enfance, que j’ai parfois rejetés en bloc suite à leur estampillage « années 80 ». Certains d’entre eux prennent une connotation alternative et chérissable avec le temps (parfois pour de bonnes raisons, parfois pas), même ceux au côté commercial assumé apparaissent plus acceptables, détachés du succès populaire de l’époque.
En dépoussiérant un disque devenu rare à l’écoute, un souvenir vaguement enfoui finit parfois par éclore, réactivant tout un pan de notre mémoire occulté jusque là par une défense particulière (ou tout simplement l’absence d’intérêt).
Cet affrontement avec le passé remue régulièrement en moi un sentiment hybride, oscillant entre une volonté de le réinvestir et le désir net d’y échapper.

Mon absence de projet créatif trouve dans cette recherche musicale un substitut. Je m’y investis tant et plus. Les sites d’échanges offrent cette opportunité magique de satisfaire immédiatement mon désir. L’ivresse des premières réussites alimente l’espérance des autres. Je plonge les yeux fermés dans cette quête d’un absolu momentané. En fin de journée, l’angoisse pointe le bout de son nez. Pourquoi pas moi ? Les procès de « consommateur » sont rares mais mon assiduité récente me conduit à penser que je suis devenu un profil pour ceux cherchant quelques exemples à leur combat d’anti-piratage.
La peur pénètre en moi. J’ai beau constater le nombre important de gens connectés en ligne, j’ai l’impression qu’un œil quelque part n’a de vue que pour moi.
Le lendemain, sans nouvel objectif fort, je me persuade de l’intérêt de poursuivre ma recherche initiée la veille. Le même sentiment d’envie irrésistible me ramène sur les sites d’échange. Cette fois, je prends conscience du conflit intérieur. J’éprouve comme une culpabilité à prendre du plaisir, à l’image de la vision sacrée et honteuse que j’attribuais à l’acte sexuel durant mon enfance.

Cela fait trois jours que je tente d’alimenter cette compil. Mon esprit est totalement absorbé. J’ignore L. le plus souvent. Il cherche à sortir en cette veille de jour férié. J’ai compris que je devais l’accompagner. Aujourd’hui, ce sera dans ce club à la musique techno efficace et à l’ambiance chaude. Peut-être nous perdrons-nous dans les nombreuses dark-rooms de l’endroit. Danser, baiser. Une sensation animale dans un décor glauque où se mêle l’odeur de la transpiration et du sperme. Une certaine vision de l’enfer. Mais celui dans lequel on cherche à se perdre, attiré par la part sombre de soi-même. Celle qui flirte avec le dépassement de soi, de son milieu, de ses repères, de la maîtrise des événements.

La fatigue m’envahit assez tôt ce soir-là. Suffisamment pour me décourager de danser pendant un long moment. Je n’ai pas eu le temps de faire de sieste. J’en ai pourtant désormais bien besoin. Absorbé par mon PC, j’ai fait l’impasse.
Me voilà à errer avec L. dans les méandres de la boîte. La proximité des dark-rooms donne envie de m’enivrer de son atmosphère même si j’y reste sage. Cela fait un an que j’y tente quelques incursions avec L. avec l’un ou l’autre bon souvenir.
Un premier tour rapide nous convainc que nous ne trouverons pas satisfaction. Je me sens frustré par l'élimination de l'étape de la drague dans ce lieu. Mais le plaisir facile, directement consommable emporte souvent tous les doutes.
Je croise des regards. Je n’y prête pas attention. Je réponds par un sourire à ce garçon que je connais un peu. T, le copain actuel d’un ancien amant. Je sais que leur relation est ouverte. Il est mignon sans pour autant être mon genre. Ce sourire sonne peut-être comme une invitation. Nous verrons plus tard.
Nous replongeons à nouveau dans le noir. Nos déplacements sont réguliers et sans attache. Nous n’espérons rien. C’est peut-être le dernier tour de la soirée avant de retourner dormir. J’y aspire mais je veux donner de la consistance à cette soirée. Du sens à une existence qui en manque cruellement depuis quelques jours. Il ne s’agit pas d’une obligation de résultat mais bien de saisir une opportunité. Le hasard procure parfois des surprises.
Aujourd’hui, il prend la forme d’un garçon à la chemise blanche et aux yeux bleus. X. Très mignon. Nous le connaissons de vue depuis des années. Le voilà pour la première fois de la soirée à l’intérieur de ces pièces sombres. Il apparaît tel un ange dans cet endroit où la plupart sont vêtus d’un t-shirt (c’est notre cas) ou l’ont laissé au vestiaire. Mais une chemise blanche, Dieu non ! Le contraste est saisissant.
Il est à peine entré que je comprends qu’il sera notre amant du soir. Du moins s’il veut de nous. Il m’inspire une certaine confiance, loin du malaise que suscitent parfois à mes yeux ces corps offerts sans retenue.
Je m’approche de lui, saisit sa hanche. Il se retourne, paraît nous reconnaître malgré le peu de clarté. Il semble surpris mais ne réagit pas quand L. prend l’initiative de le tirer à lui. Je tente de m’immiscer dans leur intimité naissante. Il semble mal à l’aise. Je perçois chez lui un intérêt manifeste pour L. Il semble marquer moins d’entrain pour moi. Je déteste cette idée. Le trio est peut-être trop dérangeant pour lui, trop déstabilisant. Je décide de prendre l’initiative. Je saisis sa main pour qu’il tâte mon pantalon. Je l’aide à enlever les boutons. Il branle L. de sa main droite tandis que sa gauche se met à accomplir le même geste sur mon sexe. L. tente de rapprocher sa tête de la sienne mais aboutit dans son cou. X. ne veut manifestement pas embrasser.
Cela fait maintenant quelques temps que nous sommes occupés à nous branler. L’ennui me gagne. Tout cela manque de piment. Il ne paraît pas vouloir sucer, il me faut improviser. Au fonds, il a une bonne bite. Je me lance.
Je prends un certain plaisir à sucer cette queue longue et épaisse. Quand soudain, très vite, je sens un goût âpre au contact des papilles de ma langue. Mon cerveau le rattache assez vite à une expérience passée avec L. Il s’agit de sperme. Je me redresse et recrache. Je le regarde, il termine de se branler avant de relever rapidement son pantalon et quitter la pièce. Je reste sans réaction. Je me tourne vers L. et lui lance: « Il m’a joui dans la bouche, le con ». Je commence à sentir les prémisses de la peur mais l’excitation n’est pas totalement retombée. La double tension m’incite à jouir rapidement. Je quitte la pièce en sueur en prenant progressivement conscience que ma vie quotidienne va s’en sortir chamboulée. Les soucis du piratage paraissent désormais bien loin.
Juste avant la sortie, je patiente quelques instants avant de rejoindre la lumière. Je transpire trop, je suis mal. Je vois le monde grouiller dans la lumière. Je me retourne vers l’intérieur. Malgré la pénombre, je croise le regard de T. Il me sourit. J’ignore ce qui apparaît désormais clairement comme un appel. Je me dis que j’aurais pu attendre quelques temps encore et tout aurait été différent avec lui.
Je sors de la pièce. Mon enfer a débuté.

J’ouvre les yeux. Je perçois le soleil à travers les rideaux. Une belle journée de mai qui commence, sans travail à l’horizon. Il ne faut pas 10 secondes pour que les affres de l’angoisse resurgissent.
Grâce à l’absorption d’un Xanax, j’ai pu me reposer quelques heures durant la nuit. L’effet s’estompe rapidement après m’être levé. Je téléphone à un des centres de référence-sida pour qu’on m’indique s’il est nécessaire que j’entreprenne un traitement de manière préventive. Nous sommes un jour férié, le téléphoniste des urgences me conseille d’attendre le lendemain pour me mettre en contact avec le service spécialisé.
Encore sous le choc de l’événement qui s’est produit quelques heures plus tôt, mon corps est pris de spasmes de tremblement. Les images me reviennent incessamment, sous la forme d’une vision quasi-cinématographique du contact avec le démon. Le décor glauque et noir, irrémédiablement noir.
Durant une heure, je navigue sur le net, sur des sites de rencontre afin de chercher l’hypothétique profil de ce garçon à l’origine de mes tourments. Peut-être pourra-t-il me rassurer, voire même s’excuser? Je ressens cet acte au plus profond de moi comme un affront, un manque de respect à mon égard.
Je tente de comprendre comment l’image qu’il véhiculait à mes yeux s’est transformée en l’espace d’un instant d’ange à démon. Peut-être ces lieux étaient-ils nouveaux pour lui? Le peu d’habitude, l’excitation ont pu favorisé cette éjaculation précoce. A-t-il voulu m’avertir sans que je le comprenne ? Ou a-t-il pensé que le respect n’existait pas dans ce genre de lieu, l’incitant à mépriser tout partenaire. A moins qu’il ait sciemment voulu me faire prendre ce risque de contamination. Hypothèse la plus lugubre, la plus pernicieuse mais que je ne peux a priori pas écarter.
Les têtes défilent sur mon écran. Sans succès. Cette tentative est vaine et destructrice. Je dois occuper mon esprit à autre chose. Je décide de réorganiser ma bibliothèque musicale. Une tâche longue et répétitive. Inintéressante, énervante même le plus souvent. Tout ce qu’il me faut à ce moment. La journée sera longue et vide.
Le lendemain matin, je téléphone dès mon réveil au centre qui me réserve un rendez-vous dans l’heure. Je m’y rends accompagné de L. La perspective d’en parler m’a déjà quelque peu calmé. La doctoresse est charmante. Elle écoute mon histoire et veille à me rassurer quelque peu. Elle ne peut rien garantir mais cite au hasard 1 chance sur 10.000 de contamination. Le risque faible conjugué à la non-certitude de la séroposivité du partenaire la conduisent à ne pas me recommander de traitement préventif. L. lui explique mes angoisses et, dans cette optique, justifie l’intérêt de minimiser encore les risques avec un médicament. Avec un peu d’insistance, elle me prescrit une bi-thérapie préventive.
Même si j’hésite un moment à entreprendre le traitement (le prix du médicament est prohibitif et les effets secondaires non négligeables), je me décide à l’acheter. Chez le pharmacien, la vendeuse me demande si je n’ai pas une attestation médicale pour la mutuelle. Je lui réponds qu’il s’agit d’une prescription dans un but préventif. J’ai beau ainsi me distancier du statut de séropositif, je vais entrer dans la peau du « malade ». Le médicament va m’accompagner chaque matin, chaque soir. Dans une poche, dans un tiroir, au bureau, le nom de la maladie apparaîtra en filigrane du nom du médicament absorbé.
Je ne suis pas convaincu d’être infecté mais je ne m’autorise pas de me voir comme sain. Je dois me préparer à la possibilité d’être malade, à l’idée potentielle que plus rien dans ma vie ne sera comme avant. Je ne mesure pas la situation à l’aune des probabilités que ce séisme ait lieu, je prends seulement en compte que le risque s’est accru notablement lors de cet acte. Du risque faible, je suis passé dans la catégorie plus élevée, celle à proscrire. Que le risque ne soit pas équivalent à celui d’une pénétration non protégée n’a pas d’importance, j’ai sauté dans la catégorie à risque. En consultant tous les manuels explicatifs, il est clair que j’ai commis une infraction au code de la prévention. Cette sensation amère en bouche a agi tel un flash sur une autoroute, susceptible de résulter en une amende à payer quelques temps plus tard. Le délai d’attente est ici déjà balisé. Il sera long, je vais devoir m’en accommoder. Peut-être. Ou plutôt non, je ne m’y fais pas pour l’instant. Je revis cet instant, je saisis le drame pouvant résulter de ce petit événement sans grand intérêt (même pas un super coup !) dans une soirée médiocre.
Je réalise que ce genre de contact sexuel ne m’agrée pas vraiment. Je n’en retire qu’un plaisir bref, j’y côtoie des gens qui adoptent le plus souvent un comportement cynique ou honteux. Bien loin d’un certain « sentimentalisme » (le mot est sans doute mal choisi), les dark-rooms (mais aussi dans le prolongement, les saunas) n’apportent manifestement pas les vibrations fortes d’une relation sexuelle idéale. Sans parler que le risque y sera toujours plus accru et moins maîtrisable que le contexte plus feutré d’un intérieur domestique.

Je perçois également qu’un sentiment de gêne m’envahit quelque part. En parlant avec la doctoresse, en abordant analytiquement la situation, s’est mise en marche une forme de médicalisation de ma sexualité, une intellectualisation qui me ramène à une image : moi suçant dans une dark-room. Une image qui sort soudain de son contexte intime et renvoie maintenant à une potentielle explication publique. Je pense forcément en premier lieu à mes parents : comment leur expliquer que je puisse me faire contaminer ? Je me rappelle qu’au moment de mon coming-out, ma mère a dû faire des efforts pour accepter cette réalité. Je la revois KO mais déjà compréhensive, me conseillant de me protéger. Elle avait peur que dans un monde nouveau, je prenne des risques insensés. Ce soir-là, je lui avais promis de faire attention et l’avais rassuré pour qu’elle ne s’inquiète pas. Il y avait dans cet échange une forme de convention tacite consistant à accepter ma sexualité pour autant que je préserve ma santé de toute forme de danger. Ce contrat moral est resté ancré dans ma mémoire. Je ne m’imagine pas devoir le rompre.
Cet embarras est renforcé par ma situation de couple, qui implique une très évidente fidélité. Sortir de ce schéma suppose une forme de perversion. Rechercher du sexe ailleurs, c’est pour certains satisfaire un besoin animal qu’on pourrait combler à l’intérieur de son couple. Fondamentalement, la pression sociale n’autorise pas ce genre de pratique à une personne en couple alors qu’elle considère sans doute avec une certaine de pitié ce genre « d’égarement » d’un célibataire. Bien que dans l’absolu de mes convictions personnelles, j’assume totalement mes choix de vie (partagés d’ailleurs avec L.), les renvoyer à une explication publique qui dépasse le cercle de ses amis proches me place dans un sentiment de malaise. Peut-être illustre-t-il une difficulté de m’assumer vis-à-vis d’une partie de ma vie. La césure que j’ai tant voulu créer avec ma « vie d’avant » n’empêche pas de ressentir comme un écho sourd cette confrontation entre le passé et le présent, non réconciliés.

Les jours passent. Les nausées ne tardent pas à partager mon quotidien. Les sensations sont d’autant plus désagréables lorsque je ne suis pas en condition optimale : quand je suis fatigué, quand j’ai chaud, quand j’éprouve du stress.
Je ne pense pas trop à la maladie mais je l’ai intégrée en moi. C’est comme si je la vivais déjà au moins dans la tête. Aussi insensé que cela puisse être, je vis, je réfléchis dans un état d’esprit qui a peut-être 1 chance sur 10.000 de se réaliser. Mon esprit est entravé par la potentialité de la maladie. Je vis avec cette bombe à retardement, qui dicte mon présent, mon futur proche.
Je ne vis plus, je survis. Exit les sorties, GA ou tout ce qui m’incite à réfléchir au monde, voire à créer. Je me concentre sur des activités récréatives. Notamment la fin de saison de football à l’issue de laquelle mon équipe devrait se qualifier pour la coupe d’Europe. Je tente de reporter sur elle mes préoccupations. Il lui suffit de remporter le dernier match en déplacement face à lanterne rouge du classement, déjà condamnée à la division 2.
Le match débute bien avec un but de mes couleurs mais l’équipe adverse égalise peu avant la pause. L’équipe concurrente au classement ne gagne cependant pas son match et est même menée en début de seconde mi-temps. Pas de péril en la demeure donc. Néanmoins il faudrait marquer ce but de la délivrance, ne compter que sur soi. Mon équipe joue cependant mal, paralysée par l’enjeu. La chance ne nous sourit pas avec un poteau qui repousse une tête d’un de nos attaquants. La pression s’intensifie avec la fin de match. Je pressens des ondes négatives qui ne tardent pas à se concrétiser : l’équipe concurrente au classement renverse la vapeur en fin de match en l’espace de 3 minutes et remporte son match. De l'autre côté, incapable de marquer, mon équipe concède le nul et va devoir disputer un test match en aller-retour.
Plus personne n’y croit vraiment. Pourtant, nous remportons le match aller 3/1 après avoir encaissé en premier. Je crains néanmoins ce retour avec la fragilité mentale affichée par le groupe. Je n’ai pas tort, après 10 minutes, le score est passé à 2/0 et finira sur un 3/0, nous excluant de la prochaine coupe d’europe.
La déception est immense. Pour l’équipe adverse, c’est un miracle. Peut-être y avait-il une chance sur 1.000 ou 10.000 d’y parvenir. J’ai déjà entendu ce genre de statistiques récemment, ranimant une certaine peur.
Devant ce coup du sort, je tente de me plonger dans un univers extérieur qui m’isole de celui qui ne me sourit décidément plus. J’attaque l’un ou l’autre livre. Je prends du plaisir notamment avec « Bienvenue au club » de Jonathan Coe.
La lecture a souvent tendance à éveiller en moi des idées, des modes d’analyse du monde, de ma vie. Dans la scène finale, je repense à certains moments de la mienne. Cela me donne envie d’insuffler à une partie de mon passé une aura romanesque qui lui a peut-être manqué. J’imagine pouvoir en effacer les aspects négatifs. Pouvoir être en paix avec moi-même, me dire que j’ai bien vécu même si la vie demain risque de ne plus être la même avec cette foutue maladie. Cette idée m’aide, dans ma construction mentale du moment, à sortir de la torpeur qui est la mienne depuis plus de trois semaines. Je me sens libéré d’une certain poids, j’entrevois la possibilité de recommencer à vivre. A envisager d’agir sans trop penser que la maladie va me tomber dessus. La paralysie fait place à un stress empreint d’optimisme. Dans quelques jours, les premiers résultats après un mois.
La prise de sang, le rendez-vous chez le toubib. Résultat négatif. Seul bémol : la doctoresse m’apprend que la prise de médicament rallonge la période du test final de 3 à 6 mois. J’aurai donc 2 tests encore à passer. 6 mois ? Une demi-année ? Je ne peux pas me stresser une aussi longue période. La fatigue du mois passé m’incite à ne retenir que la bonne nouvelle du jour. Certes encore inquiet au fonds de moi, je vais tout de même pouvoir vivre à nouveau.

Deux mois plus tard, après un week-end plutôt morne, nous nous rendons en boîte, afin de prendre un verre, une petite heure.
Je suis à peine entré dans le cœur de l’animation que je l’aperçois. Je ressens un choc. Cela n’est pas la première fois que ce genre de vision m'accapare mais ici je ne pense pas me tromper. Je jette un nouveau coup d’œil, c’est bien lui, j’en suis sûr désormais. Je le trouve un peu plus petit que je ne l’imaginais et pas vraiment attirant. Je ne peux lui parler, je suis trop stressé et je supplie L. de le faire à ma place. Je ne sais pas trop ce que j’attends. Sans doute j’espère des choses qu’il ne fera pas (s’excuser,…).
Leur explication dure 1 minute. L. revient vers moi, m’explique qu’il ne se souvient apparemment pas de cet épisode (et tu te souviens encore qui est ta mère par hasard?), que cependant « c’est possible», et qu'il a ajouté pour me rassurer « qu’il avait fait un test il y a quelques mois, négatif ».
Je ressens d'abord un certain doute : était-ce bien lui ? Se tromper à deux paraît tout de même peu probable. Sa réaction se révèle finalement banalement humaine : il a dû prendre peur et s’est protégé comme il le pouvait en évoquant l’ignorance ou l’oubli. Je ne devais sans doute rien en attendre de plus. Je préfère tout de même le revoir, en bonne santé et affirmant qu’il est sain que mal en point et/ou avouant être séropo. Certes, l’incertitude demeure car finalement peut-on croire une vérité majeure après un mensonge même mineur?

ps: Un test à 3 mois, un autre à 6 mois. Le pire est évité…

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