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18 avril 2005

Mysterious Skin (****)

mysterious

La pédophilie fait partie de ces sujets délicats à aborder cinématographiquement.
D’une part car on peut rapidement tomber dans le scabreux (mais le très bon L.I.E. de Michaël Cuesta a ouvert la voie il y a peu en réussissant sa mise à l’écran de manière délicate et non moralisatrice).
D’autre part car il semble ne rien apporter concrètement à la réflexion à moins de vouloir choquer dans un sens ou dans un autre. Le film ne cherche en effet pas à adopter une attitude moralisatrice vis-à-vis du pédophile ou à minimiser le drame qu’il peut induire pour les victimes. D’une certaine manière, tout est déjà dit. Pourtant, l’intérêt du film est réel. Dans son esthétique, dans la manière de nouer ou dénouer le drame.
Greg Araki excelle dans sa direction d’acteurs et demeure un des meilleurs pour filmer les ados, notamment Neil (foutrement sexy celui-là) dont il exhibe le corps mais encore davantage une « attitude ». Il y a cette scène magnifique à trois dans la voiture où Neil en sort pour rejoindre l’homme à la voiture blanche. Sa démarche nonchalante, désinvolte, son marcel sexy. Sous l’œil de Eric ou Wendy (çad nous), spectateurs passionnés de la coolitude de leur camarade, celle que l’on ne pourra jamais posséder.
Araki guide aussi avec maestria son histoire : la première partie du film nous est livrée dans un mélange de légèreté et d’humour avant de nous rappeler dans un final coup de poing l’ampleur du drame. Dans celui-ci, la réalisation d’Araki tutoie l’atmosphère noire et aérienne du Mystic River de Eastwood en atteignant d’ailleurs davantage que son illustre collègue la juste mesure, quelque soit le ton utilisé : il nous épargne constamment le pathos sans pour autant ignorer la réalité des actes pédophiliques - filmés avec tact et émotion en caméra subjective, l’âpreté d’une scène de viol ou cette magnifique évocation de la souffrance liée au sida. Plus psychologique et moral que Gus Van Sant (dans Elephant), le film est aussi indéniablement tendre et romantique. Loin de vivre uniquement avec ce sentiment d’un ciel qui leur est tombé sur la tête, les personnages principaux la relèvent en cherchant (à de nombreuses reprises dans le film) leur salut dans cet infini céleste, comme dans la très jolie scène finale entre Neil et Brian, retrouvailles des fantômes de l’enfance, qui se révèle tout autant dure que bercée par l’espoir d’une rédemption par l’acceptation de son passé. Araki quitte alors le sujet de son film pour toucher à l’universel en évoquant en filigrane nos difficultés d’adolescent (ou jeune adulte) à affronter les tourments de notre passé. Bouleversant.

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