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4 avril 2005

"Vacances, j'oublie tout" (Histoire de pédé 2)

Berlin. Son charme d’architecture hybride. Son dynamisme artistique. Sa beauté froide. Son hiver rigoureux.
Markus aspire à des vacances. Le travail accapare une bonne part de son temps. Il est conscient qu’il faut pouvoir provoquer une césure de temps à autre. L’idée de revoir le soleil l’enchante. Il a décidé de partir avec quelques amis. Sans Carl, le garçon avec qui il partage sa vie (et son lit) depuis un an.
Dans ses bras, Markus est parvenu à effacer la déception de la rupture avec Hans. Qui est resté son meilleur ami et pour qui il continue d’éprouver une forme d’amour, différente. Il a dû s’en persuader. Carl n’en est pas trop jaloux. Il apprécie désormais la compagnie de Hans, sa personnalité sociable.
Les horaires bien remplis et différents de Markus et Carl les empêchent souvent de partager leurs temps libres. Les vacances constituent souvent l’occasion rêvée de combler ce manque. Pas cette fois : Markus dispose encore de quelques jours de congés de l’année précédente au contraire de Carl. Il se rendra donc sans lui - mais avec ses amis - vers cette destination qu’il connaît si bien pour y avoir travaillé quelques temps par le passé.
Ah le soleil ! Et ces sorties dont il doit se priver durant l’année, travail oblige. Il sait très bien qu’il pourra s’y amuser la nuit : danser, rigoler, boire de la bière aussi (on est allemand ou on ne l’est pas !). En arrivant un vendredi, ils vont pouvoir profiter du week-end qui garantit toujours plus de monde et d’ambiance.
Samedi soir. Markus a rejoint les endroits les plus animés. Sous une musique trépidante, le verre de bière à la main, il parvient à atteindre ces moments de détente totale. Il repère quelques beaux garçons. Ce n’est pas parce qu’on dispose d’une voiture qu’on ne peut pas voir passer les trains ! Son regard se porte plus spécifiquement vers l’un d’entre eux. Grand et mince. Définitivement son genre. Le garçon ne reste pas insensible à ses approches oculaires. En confiance, Markus n’hésite pas à le fixer plus longuement et lui adresse même quelques sourires. Mimétisme encourageant. Ses amis, à ses côtés, ont compris le petit jeu qui s’est mis en place. Ils s’amusent de la situation. Markus, lui, se sent pousser des ailes. Bien loin le stress du travail et de la vie quotidienne. Le bien-être a envahi son corps. Le charme qu’il exerce sur ce beau garçon lui rappelle combien sa relation de couple a anesthésié son désir de séduction. Le garçon est maintenant retourné à l’intérieur du bar pour y danser. Markus reste à l’affût de son regard. Le contact visuel est maintenu. Sans doute l’invite-t-il même à le rejoindre. Markus hésite quelques instants. Jette un coup d’œil vers ses amis. Finit par suivre leur conseil. Il pénètre sur la piste. Se met à danser. Positionne son corps en direction du garçon, posté à 2 mètres de lui. Les ombres lourdes qui entravaient leur champ visuel finissent par disparaître. Les corps sont maintenant tout proches. Dans l’ivresse de la démarche, l’esprit de Markus est monopolisé par cette silhouette qui se rapproche progressivement, inexorablement. Le souffle étranger désormais perceptible, Markus relève la tête, sourit une nouvelle fois au garçon. Un frisson parcourt son corps. Ses yeux observent ces lèvres dont l’attraction devient inéluctable. Il s’appelle Harry. Il confie à Markus que son boyfriend se trouve dans un coin du bar. Markus s’excuse. Harry lui répond que ce n’est pas un problème pour autant que ce n’en soit pas un pour lui. Non, Markus a déjà connu pareille situation. La chance lui sourit : le copain en question lui plaît également. Ils discutent maintenant à trois mais l’euphorie est quelque peu retombée. Markus pense à Carl qu’il n’a jamais trompé. A ses amis, témoins de la scène. Il n’ose pas les abandonner d’autant qu’ils n’habitent pas tout près et qu’il ne dispose pas de clé personnelle du bungalow.
Par un petit sourire, il cherche une réponse auprès de ses amis. Il ne se sent pas la force de décider. Ses amis finissent par lui répondre en lui proposant une solution à ses problèmes pratiques et indirectement la caution morale qu’il recherchait inconsciemment. Finalement, Carl aurait pu l’accompagner. Tout ceci n’arriverait pas.
Quelques jours plus tard. La météo ne s’est guère avérée clémente depuis leur arrivée. Markus et ses amis concentrent donc leur plaisir sur les sorties du soir. L’entente demeure parfaite entre eux. Les rires fusent, les tournées se suivent. Markus s’est tenu sage depuis le week-end dernier mais ne peut rester insensible aux œillades adressées par ce garçon qui danse non loin de lui. Il se rappelle la culpabilité rétrospective après son écart du week-end dernier. Carl ne doit rien en savoir. Ses amis lui ont certifié de leur silence.
Les regards se font plus insistants entre eux. D’une certaine manière, le pas a été franchi. Une fois ou deux, cela ne change plus grand chose. La seule différence consiste finalement à profiter au mieux de ses vacances ou non. Sentir à nouveau le corps d’un garçon. Saisir sa taille, empoigner sa bite, la mettre en bouche. La fidélité n’a pas altéré ses désirs. Hier interdite, demain peut-être aussi, la perspective du plaisir charnel lui laisse entrevoir un nouvel éclair de liberté.
Quatre jours plus tard. Le retour. Revoir Carl ravit Markus. Mais l’inquiétude a soudain surgi au détour d’un besoin naturel. Une douleur l’étreint quand il urine. Il redoute le diagnostic. Il devra vérifier auprès de son médecin.
A son arrivée, il retrouve Carl avec joie mais laisse une certaine distance entre eux, arguant la fatigue du voyage. Il veut le préserver.
La visite auprès du médecin confirme ses craintes : il s’agit bien d’une gonorrhée. Quelques antibiotiques suffiront à la guérir. Un diagnostic pas vraiment grave en soi. Mais il ne pourra plus cacher à Carl la vérité qu’il souhaitait taire initialement.
Markus est anxieux. Il ne veut pas perdre Carl. Le soir même, il prend son courage à deux mains et lui confie qu’il s’est laissé tenter par quelque parfum sexuel enivrant durant les vacances. Qu’un garçon (surtout ne pas lui parler d’un couple) lui a refilé cette fameuse « chaude-pisse ». Il perçoit la stupéfaction et la déception chez Carl qui lui manifeste une soudaine hostilité. Il va devoir gérer cette angoisse : ce regard, ces silences constitueront un passage obligé avant une accalmie qu’il appelle de tous ses vœux. Il se met à regretter ses actes. Il n’aurait pas dû céder à la tentation. Sous le coup de la culpabilité (celle de menacer, par sa faute, son couple), il entrevoit même sa situation actuelle comme une punition morale. Un simple écart dans la fidélité de leur relation et la maladie vient lui rappeler la portée de l’erreur. Il aurait dû éviter de boire tant. L’alcool suspend les réflexes que la raison préserve en pareille circonstance. Il n’aurait pas cédé au plaisir sexuel avec ce couple, qui, forcément, lui a transmis cette MST.
Les heures et les jours passent. Carl apprend à vivre avec la nouvelle et évacuer cette image qui envahit sa tête : Markus avec un autre garçon. Le temps, la mémoire ont cette merveilleuse faculté d’effacer les souvenirs douloureux pour ne conserver que les meilleurs.
Markus perçoit un inflexion rassurante dans le ton de la voix de Carl. Il se sent soulagé : tout devrait finir par s’arranger. Cette expérience le protègera de toute désir de la réitérer. Le plaisir s’est avéré tellement court face à la peur qui l’a envahi pendant ces quelques jours. Il devra poser des garde-fous. Il ne pourra pas éteindre toute trace de désir mais il pourra toujours surveiller sa consommation d’alcool qui l’a désinhibé et a emmené dans ce type de dérive.
Après l’angoisse de l’inconnu, l’être humain aime se doter de certitudes. Quand bien même Markus s’est trompé en pensant que le couple était à l’origine de sa maladie (cette révélation l’a fort surpris d’ailleurs), il pense avoir trouvé la seule solution acceptable pour lui à cet instant : une modération de la boisson et les leçons de cette expérience.
Devant le malaise rencontré durant quelques jours, Markus décide de conclure cette péripétie sous l’angle d’un happy-end marqué par un retour dans le droit de chemin. Markus a résolu son conflit interne, sauvé son couple et seul ceci compte pour lui aujourd’hui. Il faut oublier cet événement, en taire le souvenir. Il remettra à plus tard une discussion de fonds avec Carl.

Quelque mois plus tard. La sonnerie du téléphone retentit. Markus décroche. « Hé Markus, c’est Max. Puisque Carl est occupé, tu pars en vacances avec nous en juin ? ».

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