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4 janvier 2005

"Michaël" (une vie antérieure - Appendice)

Ca et là, dans mes souvenirs d'enfance, d'adolescence, Michaël s'est retrouvé en bonne place.

J'ai déjà abordé notre parcours identique, notre amitié impossible vu nos caractères antagonistes (moi l’intraverti, lui l’extraverti, le boute-en-train). Je le respectais comme adversaire et l'admirais pour son assurance, son insouciance.
Je l'ai trouvé mignon dès le premier regard et je l'ai toujours considéré ainsi par la suite. Je me souviens qu'à 15 ans, lors d'un match de sélection provinciale, il se promenait fièrement à poil dans les douches et les vestiaires. La nature l'avait bien pourvu. A cette époque, mon retard de puberté me complexait. Michaël incarnait à mes yeux un certain idéal physique. Ce jour-là, à l’aube de ma sexualité balbutiante, il m'avait excité. Le désir, ou l’envie de ce que l'on n'est pas (ou n'a pas).

Les années ont passé. Notre passion pour le basket s'est progressivement effilochée, lui sans doute encore plus vite que moi. Nos rencontres en adversaires sur les terrains se sont raréfiées. A moins que ce ne soit la saveur de nos rivalités d'adolescents qui avait disparu.
Nous nous croisions le plus souvent par hasard, en spectateurs d'un autre match de basket. L'occasion de nous adresser un petit bonjour. Sans plus. Nul besoin de prendre de nos nouvelles : le "milieu" du basket s’en chargeait. Tous les faits, des plus saillants aux plus anodins, se propageaient à la vitesse de l’éclair.

J'ai ensuite quitté ma ville « biologique ». Il est l'un des rares joueurs que j'ai rencontrés par la suite, ne serait-ce que par hasard. Ironiquement, c'était à chaque fois dans un stade de football, pour assister au match de notre équipe favorite. L'année dernière, dans les tribunes, il est passé devant moi et m'a fait la bise pour me saluer. J'avais perdu de vue cette coutume sportive (adolescente) de s'embrasser quand on se connaît un minimum. Nous nous sommes contentés de ce geste. Il n’y avait rien à dire de plus. Nous n'avions pas encore atteint l'âge de ressasser nos souvenirs.

J'ai reçu ensuite quelques nouvelles le concernant par l'intermédiaire de mes parents qui venaient de renouer un contact plus étroit avec les siens. Il travaillait au Luxembourg, il était toujours célibataire. Sa mère était devenue quasiment aveugle depuis sa chimiothérapie pour soigner un cancer du sein. Des rayons mal dirigés, une erreur médicale jamais reconnue.

Il y a un peu plus d'un mois, j'avais à nouveau aperçu sa silhouette aux alentours du stade avant un match.

Dimanche 3 janvier 2004. Un conducteur perd le contrôle de son véhicule sur la chaussée. La voiture percute un arbre. Le chauffeur et son passager sont éjectés. Ils décèdent instantanément.

Fin de parcours. Il s'appelait Michaël. Il allait fêter ses 31 ans dans quelques jours.

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